Le sud des États-Unis ou l’art de la formule

“Bye, baby”. Tout nouvel arrivant à La Nouvelle-Orléans se posera inévitablement la question : “La personne qui me regarde d’un air blasé derrière sa caisse vient-elle vraiment de m’appeler baby ? ” La réponse est oui. Et pensez à bien prononcer votre “baby” avec un accent traînant, qui sonnera bien plus comme un “bébé” prononcé à la française, accent tonique sur la dernière syllabe à l’appui, que comme un “baby” classique (on est à La Nouvelle-Orléans après tout et l’influence du créole et du français n’est jamais très loin – bienvenue dans le nord des Caraïbes).

Et comment interpréter ce baby impromptu ? S’agit-il là d’un terme réducteur, tel que l’on pourrait se l’imaginer à juste titre ? Il n’en est rien – du moins dans ce contexte précis. Que vous soyez un homme ou une femme, que vous ayez 9 ou 99 ans, on pourra vous appeler baby – le plus souvent au moment d’un passage en caisse ou d’une commande au restaurant.

Bienvenue dans le monde merveilleux de la Southern Hospitality – qui voudrait que les Américains originaires du sud du pays soient plus sympathiques que leurs pairs. Tout du moins bien moins directs et abrupts qu’un chauffeur de taxi new-yorkais – mais est-ce vraiment difficile ? Le Sud, c’est avant tout l’art de la formule. Et qui dit art de la formule dit multitude d’expressions fleuries et colorées. L’élégance avant tout – et qui sait lire entre les lignes comprendra le message. Alors, c’est parti, baby ?

“Bless your heart”

L’incarnation même du vieux Sud en trois mots. Bless. Your. Heart. “Béni soit ton cœur.” Comment se pourrait-il que cette délicieuse – bien qu’un brin bigote – expression puisse porter un message négatif ? Dois-je encore le répéter ? Bienvenue dans le Sud, où l’ironie a encore de beaux jours devant elle ! Et c’est là toute la magie de cette expression – et de la plupart des expressions provenant du Sud. Derrière un caractère parfaitement inoffensif – voire tout simplement poli et bienveillant – se cache en réalité un commentaire acerbe. Et l’on en profite aussi pour tourner en dérision le caractère bien volontiers bigot de nombreux sudistes (désolé le Mississippi et le Texas).

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