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Qui pour succéder à Bayou ? EELV commence la quête de sa nouvelle cheffe

Qui pour succéder à Bayou ? EELV commence la quête de sa nouvelle cheffe (photo d’illustration prise le 25 août à Grenoble
OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP Qui pour succéder à Bayou ? EELV commence la quête de sa nouvelle cheffe (photo d’illustration prise le 25 août à Grenoble

POLITIQUE - Qui pour redonner des couleurs aux Verts ? Les adhérents d’Europe Ecologie-Les Verts se prononcent ce samedi 26 novembre lors d’un « congrès décentralisé ». Une première étape qui va révéler l’état du rapport de force dans un parti marqué par les divisions, encore embarrassé par les accusations de violences psychologiques visant Julien bayou, et qui peine à s’affirmer.

Concrètement, les 12 000 adhérents écolos sont appelés à voter pour leur liste favorite (et la motion d’orientation à laquelle elle est adossée). Ils doivent également élire les membres du futur conseil fédéral, et surtout les 400 délégués au « congrès fédéral » prévu le 10 décembre à Rungis, en Île-de-France, qui désigneront la nouvelle secrétaire nationale. Ce n’est qu’à cette date que la nouvelle cheffe des écolos sera connue.

Dans ce contexte, pas moins de six postulantes sont dans la course pour succéder à Julien Bayou, démissionnaire de son poste de secrétaire national fin octobre, et au tandem Léa Balage El Mariky et Jérémie Crépel, qui a assuré l’intérim. Ils n’étaient que quatre lors du précédent en 2019. Tour d’horizon.

Marine Tondelier, dans le sillage de Julien Bayou

Marine Tondelier, ici le 3 novembre, candidate dans le sillage de Bayou
JOEL SAGET / AFP Marine Tondelier, ici le 3 novembre, candidate dans le sillage de Bayou

Marine Tondelier, conseillère municipale d’Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais, est sans doute la candidate la plus identifiée du grand public à ce jour. Sa liste, soutenue par l’ancien secrétaire national Julien Bayou, plusieurs maires dont celui de Grenoble Éric Piolle, et Léa Balage El Mariky, fait partie des favorites. Première ambition : « Un million de sympathisants » à la fin de ce mandat, a-t-elle annoncé mercredi 23 novembre, dans une interview au JDD, soit quelques jours avant le début du congrès.

Pour y arriver, sa motion « La Suite » ambitionne de « refonder » le parti. Un parti à propos duquel Marine Tondelier se veut « bienveillante mais aussi lucide » sur les « forces » et les « faiblesses », selon ses mots au HuffPost avant les Journées d’été écolo en août dernier. Quelles faiblesses ? Dans sa lettre d’officialisation de candidature, transmise mi-octobre aux militants, Marine Tondelier cite principalement l’« individualisme », « la recherche de la petite phrase ou de la polémique qui permet à une personne de passer le mur du son… Pendant que le collectif va dans le mur tout court. » Pour les non-initiés aux bisbilles internes d’EELV, sa cible s’appelle Sandrine Rousseau et indirectement, la liste soutenue par cette dernière.

Mélissa Camara, la candidate de Sandrine Rousseau

Mélissa Camara, porteuse de la motion « Terre » au Congrès EELV
Capture d’écran, La Terre nos luttes Mélissa Camara, porteuse de la motion « Terre » au Congrès EELV

Mélissa Camara est conseillère municipale à Lille. Peu connue du grand public, elle peut cependant compter sur l’appui de la députée la plus identifiée (et la plus clivante) des écologistes : l’éco-féministe Sandrine Rousseau. Parmi ses soutiens, on peut aussi citer le porte-parole Alain Coulombel, représentant d’une partie de l’aile gauche d’EELV et la conseillère de Paris Raphaëlle Rémy-Leleu.

Sa motion « La Terre, nos luttes » s’articule autour de trois grands axes : la radicalité, la place d’EELV au sein de la NUPES et l’écologie sociale. Elle souhaite par exemple que le parti retrouve toute sa place dans les mouvements de désobéissance civile. Bien qu’elle soit moins identifiée, Mélissa Camara est considérée comme l’adversaire principale de Marine Tondelier. « Mélissa Camara fait un travail de terrain important pour mobiliser ceux qui ne votent pas généralement au congrès », arguait Sandrine Rousseau auprès du HuffPost fin octobre, un mois avant le congrès. Reste à savoir si cela aura porté ses fruits.

Sophie Bussière, soutenue par Yannick Jadot

Sophie Bussière, ici le 28 octobre, candidte pour la liste Nouvelle Dynamique Ecologiste
JOEL SAGET / AFP Sophie Bussière, ici le 28 octobre, candidte pour la liste Nouvelle Dynamique Ecologiste

Avocate de formation, Sophie Bussière est conseillère régionale écologiste en Nouvelle-Aquitaine. Elle porte les couleurs de la motion « Printemps écologiste » pour ce congrès. Sa ligne se veut centrale, loin des radicalités, de la décroissance... Et de l’Union des gauches ?

Sophie Bussière garde effectivement une certaine distance avec l’alliance qui s’est mise en place pour les dernières élections législatives. « La Nupes a été une coalition parlementaire nécessaire. Aujourd’hui, il faut aider nos parlementaires, les soutenir. Mais la Nupes ne doit pas devenir un carcan », résume-t-elle dans une interview mi-novembre dans les colonnes du Journal du Dimanche, « On ne peut pas décréter d’en haut qu’il faut faire la Nupes partout, tout le temps. Ça ne fonctionne pas comme ça ! » Les députés Éva Sas et Aurélien Taché, le secrétaire national adjoint Jérémie Crépel et l’eurodéputé Mounir Satouri la soutiennent aussi. Sans oublier, l’ancien candidat à la présidentielle Yannick Jadot qui se tient d’ordinaire à bonne distance des congrès.

Hélène Hardy, « la décroissance juste »

Hélène Hardy, ici le 15 novembre 2022, est candidate au congrès EELV
JOEL SAGET / AFP Hélène Hardy, ici le 15 novembre 2022, est candidate au congrès EELV

Derrière ces trois candidatures, trois autres femmes présentent des motions plus confidentielles. Parmi elles, la responsable des élections chez EELV Hélène Hardy, qui appelle à tourner davantage le parti vers les quartiers populaires.

Elle représente une autre partie de l’aile gauche du parti. Sa liste « L’Arche » prône une écologie « de l’ouverture et du rassemblement », avec une « décroissance juste » qui « ne soit pas synonyme de baisse du niveau de vie ». Sa définition de la NUPES ? « Un cadre d’échange et de réflexion qui respecte l’autonomie de ses composantes ». Traduction : Hélène Hardy veut une liste écologiste aux élections européennes, et prend ainsi position dans un débat qui s’annonce musclé d’ici le printemps 2024. Pour l’épauler, elle peut compter sur l’eurodéputée Karima Delli ou encore la maire adjointe à la santé de Paris, Anne Souyris.

Claire Desmares-Poirrier, les « territoires  » en priorité

Claire Desmares-Poirrier, candidate pour la motion « Ce qui nous lie »
Claire Desmares-Poirrier, candidate pour la motion « Ce qui nous lie »

L’ancienne candidate aux régionales en Bretagne Claire Desmares-Poirrier présente « Ce qui nous lie ». Elle défend une décroissance « radicale et juste », des territoires « au centre » des décisions et un « parti de gouvernement qui rassemble ».

La Nupes n’apparaît nulle part dans sa motion mais elle n’y est pas opposée pour autant. « J’y suis plutôt favorable et la question d’en sortir ne se pose pas, puisque nos députés ont été élus dans ce cadre pour cinq ans », expliquait-elle au HuffPost fin octobre. Et de nuancer : « En revanche, on constate que cette union s’est faite aux dépens des territoires, ce qui pour nous est un énorme problème. » Sur le plan de l’Europe, un des points de crispation au sein de la coalition, elle défend une vision fédéraliste et se positionne en faveur d’une liste écolo aux prochaines européennes. Elle est notamment soutenue par David Belliard, maire adjoint Paris.

Géraldine Boyer, « Rébellion construction »

Géraldine Boyer défend la motion « Rébellion construction »
Géraldine Boyer défend la motion « Rébellion construction »

Reste, enfin, Géraldine Boyer, une membre du bureau exécutif d’EELV, qui revendique un héritage libertaire. Elle mène la liste « Rébellion construction », une motion ardemment pro-Nupes qui souhaite « faire vivre » l’alliance des gauches, présentée comme « un puissant espoir de résistance ». Elle plaide pour retrouver « la radicalité et la sobriété du projet écologiste » et aborde aussi bien l’éco-féminisme que la défense des territoires.

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