Strata, communion d’esprits à Detroit

Fondé au début des années 70 par le pianiste de jazz Kenny Cox, le label fut durant quatre ans une ruche artistique autogérée s’inspirant du modèle d’autres collectifs. Le collectionneur DJ Amir remonte la piste des quelques albums publiés et les réédite pour témoigner de cette effervescence.

C’était il y a vingt ans, mais Amir Abdullah s’en souvient comme si c’était hier. «J’avais un ami qui voulait un exemplaire très rare du maxi The Bitch in You du rappeur Common. Je l’ai échangé contre l’album original de The Lyman Woodard Organization, la première référence Strata que j’ai eue entre les mains. J’ai été soufflé par le caractère émouvant et funky de cet album. Des grooves si puissants qu’il est devenu l’un de mes disques préférés !» A l’époque, le DJ new-yorkais travaille pour A1, magasin de vinyles de l’East Village connu des amateurs, où il refile des galettes aux DJ et producteurs de rap tel Pete Rock, bientôt converties en samples. Au tournant du millénaire, le vinyle n’a pas encore la cote comme aujourd’hui, et bien peu connaissent la valeur de ce disque enregistré en novembre 1973. Pour le jeune DJ, basé à Brooklyn, c’est le début d’une «mission» : sortir des oubliettes de l’histoire le label Strata, plus qu’une maison de disques, une aventure humaine comme les épiques années 70 en ont généré tant. Un labeur de longue haleine. «Ce n’est qu’en 2006, alors que j’étais à la tête du label de Wax Poetics, que j’ai décidé de m’atteler à la réédition de Saturday Night Special, l’album The Lyman Woodard Organization.» Ni une ni deux, l’activiste archiviste part à Detroit, la ville qui abrita ce collectif d’artistes, afin d’y dénicher les informations sur cette pépite reléguée au silence. Comme souvent chez les crate diggers, l’affaire relève de l’enquête, et nécessite une bonne dose d’abnégation. Plus il creuse, interrogeant les survivants de cette époque (dont Barbara Cox, veuve du pianiste et fondateur de Strata Kenny Cox, qui lui donne carte blanche pour (...) Lire la suite sur Liberation.fr

Quoi de nef, Bugge Wesseltoft ?
N.E.R.D, chaos bonus
Horizons planants aux Trans Musicales
Les grands soirs de Vienne
Claudia Solal, jazz total à l'oral