Avec cette stratégie directe contre Israël, l’Iran se met en danger

Quelle que soit la suite des événements, la nuit du 13 avril 2024 restera une date importante dans l’histoire de la République islamique. L’opération Promesse honnête, avec l’envoi de plusieurs centaines de drones et de missiles sur Israël, constitue un précédent et un tournant, sans que l’on sache pour l’instant à quel point cela va modifier en profondeur la stratégie iranienne pour les années à venir.

Opération « Promesse honnête » : l’Iran vise Israël avec 300 drones et missiles. SOURCE : INSTITUTE FOR THE STUDY OF WAR.
Opération « Promesse honnête » : l’Iran vise Israël avec 300 drones et missiles. SOURCE : INSTITUTE FOR THE STUDY OF WAR.

Depuis plus de quatre décennies, l’Iran base à la fois son projet d’influence régionale et sa dissuasion sur le réseau de milices et de missiles qu’il a patiemment construit dans le monde arabe. Cette stratégie a néanmoins atteint son apogée et ses limites depuis le 7 octobre. Jamais auparavant ce réseau n’avait été aussi mobilisé, sur plusieurs fronts simultanés, au service de la puissance iranienne. Mais jamais auparavant ce réseau n’avait été aussi ciblé et affaibli, au point de perdre une partie de ses capacités dissuasives et de mettre la République islamique à nu.

Pour la première fois de son histoire, l’Iran a dû agir à visage découvert contre son ennemi israélien. C’est le résultat de la politique intenable qu’il mène depuis le 7 octobre. L’Iran ne veut pas rester à l’écart de la guerre qui oppose Israël au Hamas, mais ne veut pas non plus s’y impliquer directement. Il ne veut ni la paix ni la guerre. Et il a fini par être pris à son propre piège en voulant jouer avec le feu tout en voulant éviter à tout prix de se brûler. Israël en a profité pour le frapper, lui et ses alliés, pour tester ses limites et pour éprouver ses capacités de dissuasion.

La branche militaire du Hamas est en partie détruite à Gaza, le Hezbollah prend coup sur coup depuis six mois, les houthistes et les milices irakiennes sont exposés aux frappes américaines, et Israël se permet même de décimer le haut commandement de la force Al-Qods pour la Syrie et le Liban. Même si l’Iran peut considérer qu’il demeure gagnant sur le plan stratégique tant que le Hamas est encore présent à Gaza, cela fait beaucoup. Cela l’a, en tout cas, contraint à réagir afin de tenter de modifier les règles du jeu. Estimant que c’est son territoire qui a été touché le 1er avril courant dans une frappe israélienne contre une annexe du consulat iranien à Damas, l’Iran a décidé de changer de braquet.

[...] Lire la suite sur Courrier international