Strasbourg demande à Juncker de revoir la nomination de Selmayr

Le Parlement européen a demandé mercredi à la Commission européenne de "réévaluer" la procédure de nomination de son nouveau secrétaire général, Martin Selmayr, ex-chef de cabinet de Jean-Claude Juncker, dont la promotion express a été dénoncée par les différents groupes politiques. /Photo prise le 17 avril 2018/REUTERS/Vincent Kessler

STRASBOURG (Reuters) - Le Parlement européen a demandé mercredi à la Commission européenne de "réévaluer" la procédure de nomination de son nouveau secrétaire général, Martin Selmayr, ex-chef de cabinet de Jean-Claude Juncker, dont la promotion express a été dénoncée par les différents groupes politiques.

Mais les eurodéputés, dont certains avaient brandi la menace d’une motion de censure contre la Commission européenne, à défaut de disposer d’un droit de regard sur les nominations en son sein, y ont renoncé, jugeant une crise politique trop risquée à un an des élections européennes.

Ce juriste allemand de 47 ans, membre de la CDU d’Angela Merkel, avait été nommé à quelques minutes d’intervalle, le 21 février, secrétaire général adjoint, puis secrétaire général, le poste le plus élevé dans l’administration bruxelloise, sans véritable mise en concurrence.

"La nomination en deux étapes du secrétaire général pourrait être considérée comme un acte de népotisme, à la limite de la légalité, voire au-delà", affirment les eurodéputés dans une résolution élaborée par leur commission du Contrôle budgétaire.

Le Parlement se dit "conscient que la révocation d’un acte administratif favorable n’est généralement pas possible", mais "demande toutefois à la Commission de procéder à une nouvelle évaluation de la nomination de son nouveau secrétaire général".

Il "souligne la nécessité d’appliquer tant la lettre que l’esprit du statut pour préserver l’excellence, l’indépendance, la loyauté et la motivation de la fonction publique européenne" et invite la Commission à "revoir la procédure de nomination des hauts fonctionnaires" avant la fin de 2018.

Selon des sources diplomatiques, les dirigeants européens s’étaient étonnés lors de leur dernier Conseil de la procédure suivie pour la nomination de Martin Selmayr mais le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, avait mis sa démission dans la balance, déclarant : "S’il part, je pars".

Si certains groupes politiques s’étaient inquiétés, avec la nomination de Martin Selmayr, d’un renforcement du pouvoir d’influence de la CDU allemande à Bruxelles, aucun n’avait remis en question les capacités personnelles du nouveau promu.

(Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse)