STMicroelectronics, nouvelle pomme de discorde entre Rome et Paris ?
De Stellantis, aux Chantiers de l’Atlantique, en passant par l’affaire Lactalis-Parmalat, les fusions et rachats entre groupes industriels français et italiens – qu’ils réussissent ou pas – finissent toujours par créer des remous entre Paris et Rome. STMicroelectronics n’échappe pas à la règle.
Géant de la fabrication de semi-conducteurs, cette multinationale est née en 1987 d’une fusion entre une société italienne et une autre française. Aujourd’hui, les États italien et français sont les principaux actionnaires du groupe, avec un poids identique. En 2019, dans une interview accordée au quotidien économique Il Sole 24 Ore, son PDG, Jean-Marc Chéry, vantait même cette entreprise comme “un modèle de la coopération franco-italienne”. Force est de constater que les choses ont bien changé.
Comme l’explique La Repubblica, “le gouvernement de Giorgia Meloni aurait fait savoir à ses homologues français qu’il ne voulait pas d’un nouveau mandat de Chéry pour trois ans à la tête du groupe”. Selon Rome, sa gestion favoriserait clairement les intérêts de Paris. Cette tendance serait visible au sein du comité exécutif de la société, où le nombre d’Italiens est passé de 5 sur 8 à 3 sur 7, tandis que les Français sont passés de 1 à 2 (sans compter Chéry). Surtout, poursuit le quotidien romain, “Chéry a choisi d’implanter les nouvelles productions de composants électroniques non loin de Grenoble, grâce à une contribution du gouvernement français de 2,9 milliards d’euros dans le cadre du Chips Act par lequel l’Europe a voulu répondre à la crise globale sur les semi-conducteurs”.
Des accusations de sous-investissement en Italie qui ne sont pas sans rappeler celles récemment formulées par l’exécutif transalpin à l’encontre du directeur général de Stellantis, Carlos Tavares. L’entrepreneur portugais est à la tête d’un groupe issu de la fusion de Fiat et de PSA (avec l’américain Chrysler). Pour l’instant, dans le cas de STMicroelectronics, Giorgia Meloni n’est pas encore passée à l’offensive médiatique directe, “mais lors de l’assemblée du groupe en mai 2024, conclut La Repubblica, sans un signal préalable de Chéry, il faudra bien observer ce qui va se passer, car sa confirmation au poste n’est plus si certaine”.
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