“Le statu quo est insoutenable” : l’Arabie saoudite rétablit ses relations avec la Syrie

L’Arabie saoudite a annoncé, mardi 9 mai, le retour de sa mission diplomatique en Syrie, relate le quotidien saoudien Al-Riyadh, deux jours après la réintégration de la Syrie au sein de la Ligue arabe. Le processus de rapprochement saoudien avec le régime syrien de Bachar El-Assad remonte à mars, quand les deux pays ont commencé à discuter du rétablissement des relations consulaires et de la reprise du trafic aérien.

Puis, le 18 avril, le ministre des Affaires étrangères saoudien, Fayçal ben Farhan, a été reçu à Damas, pour une première visite officielle de ce niveau depuis le déclenchement de la révolution syrienne, en 2011, rappelle pour sa part le quotidien saoudien à diffusion panarabe Asharq Al-Awsat. La répression brutale de celle-ci avait valu au régime syrien d’être mis au ban des pays arabes, notamment des pétromonarchies du Golfe.

Lutte contre le captagon

“L’Arabie saoudite avait été sceptique quant à la normalisation des relations avec Damas”, explique l’analyste et universitaire koweïtien Bader Al-Saif sur son compte Twitter, mais elle rejoint désormais les Émirats arabes unis – qui ont rouvert leur ambassade dès 2018 –, Bahreïn et Oman, tandis que le Koweït et, surtout, le Qatar se refusent pour l’instant à franchir le pas.

Le rétablissement des relations diplomatiques avec les Saoudiens est “plus important que la réintégration à la Ligue arabe”, souligne encore Bader Al-Saif. L’Arabie saoudite est en effet un poids lourd dans la région, tandis que la Ligue arabe est notoirement dysfonctionnelle.

La décision s’explique par le souhait de Riyad d’œuvrer pour “un ordre plus solide et intégré” du monde arabe et, surtout, pour un changement de priorités, dont notamment la lutte contre le captagon, cette drogue de synthèse produite à grande échelle en Syrie et qui “infeste le Golfe”.

“Tout le monde sait qu’on a affaire à un régime sanguinaire, ajoute l’analyste. Mais quelle est l’alternative ? Le statu quo est insoutenable.” En attendant, “le régime syrien ne devrait pas faire la fête. Son bilan n’est pas un secret, et les Saoudiens cherchent à faire valoir leurs intérêts.”

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