Les stations de ski vont-elles disparaître avec le réchauffement climatique ?

ENVIRONNEMENT - Faut-il s’attendre à ce que les stations de ski disparaissent dans les années à venir ? L’étude publiée dans Nature Climate Change lundi 28 août n’annonce rien de bon pour celles situées sur le continent européen. Elles représentent la moitié des stations de ski dans le monde et sont toutes menacées par la raréfaction de la neige à cause du réchauffement climatique, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête de l’article.

Elle semble bien loin l’époque où les États s’accordaient pour maintenir un réchauffement climatique mondial à +1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle en signant l’Accord de Paris. Par ailleurs, le gouvernement a lancé une consultation en mai dernier pour définir sa nouvelle stratégie pour adapter la France à deux trajectoires un réchauffement à +2°C en 2100, et un autre à + 4°C. En effet, le Giec estime que sans baisse drastique de nos émissions de gaz à effet de serre, le monde se dirige inéluctablement vers un réchauffement compris entre +2,8 et +3,2°C en 2100 en moyenne au niveau mondial, ce qui correspondrait à +4°C pour la France.

350 stations de ski en France

Les chercheurs ont donc étudié les effets d’un réchauffement mondial à +2°C, puis à +4°C sur 2234 stations de ski dans 28 pays européens. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elles vont devoir avoir recours à la neige artificielle si elles veulent survivre. Plus précisément, sans recours à cette technique 53% des stations souffrirait d’un risque « très élevé » de manque d’approvisionnement en neige dans un scénario à +2°C. Mais avec une hausse de 4°C, ce sont 98% des stations qui seraient touchées, soit quasiment la totalité. Un chiffre non négligeable, notamment quand on sait que la France est l’un des plus vastes domaines skiables au monde avec 350 stations de sport d’hiver.

La neige artificielle serait-elle la solution ? D’après les chiffres, si la moitié de la surface d’une station était assurée par de la neige artificielle, le pourcentage de domaines skiables à risque « très élevé » passerait de 53% à 21% dans un scénario à +2°C et de 98 à 71% pour +4°C. La neige de culture permettrait donc de prévenir les risques mais c’est sans compter sur ses propres limites.

Impact du réchauffement climatique sur l’enneigement et les besoins d’approvisionnement en eau des stations de ski des Alpes, selon le niveau de hausse des températures par rapport à l’époque préindustrielle
Impact du réchauffement climatique sur l’enneigement et les besoins d’approvisionnement en eau des stations de ski des Alpes, selon le niveau de hausse des températures par rapport à l’époque préindustrielle

Les limites de la neige artificielle

Tout d’abord, cela dépend de l’endroit où on l’utilise. « Les effets du changement climatique ne sont pas homogènes partout, même si tous les massifs montagneux seront exposés à des conditions d’enneigement de plus en plus défavorables. En fonction de l’altitude des stations de sports d’hiver et des massifs où elles se développent on peut avoir des modulations », précise Samuel Morin, co-auteur de l’étude et que Le HuffPost a contacté.

Ainsi, l’étude explique que l’utilisation de la neige artificielle n’aura que « peu d’effet » dans les stations situées à basses altitudes ou dans les zones trop au sud, les températures trop élevées ne permettant pas de fabriquer de la neige de manière efficace. Par exemple, même si la moitié de la surface est recouverte de neige artificielle, 91% des stations de skis devraient faire face à un risque « très élevé » de faible enneigement dans un scénario à +4 °C dans les Pyrénées, alors que dans les Alpes françaises, cela concernera 53 % des stations.

Ensuite, sa fabrication nécessite une certaine quantité d’eau et d’énergie. Or augmenter la production de neige, veut également dire augmenter ces quantités d’eau et d’énergie nécessaire à sa fabrication. Une hausse qui pourrait contribuer au réchauffement climatique. La neige artificielle n’est donc pas la solution miracle pour aider les stations de ski.

Une autre solution existe

Mais une autre solution existe pour limiter les risques et elle est connue depuis un moment : limiter l’ampleur du réchauffement climatique à l’échelle planétaire en réduisant massivement nos émissions de gaz à effet de serre. Selon le dernier rapport du GIEC, le réchauffement climatique a déjà atteint 1,2 °C au niveau mondial, et devrait atteindre le point de non-retour des 1,5 °C d’ici les années 2030-2035.

Samuel Morin, va lui encore plus loin : « On s’attend même à atteindre 2°C d’ici 2050 ». Il ajoute : « Tout l’enjeu est de savoir si les émissions auront suffisamment baissé d’ici là pour qu’on reste à 2°C pour les décennies suivantes ou si les émissions vont se poursuivre au-delà des engagements des États vis-à-vis de l’Accord de Paris. Dans ce cas-là on aura un réchauffement qui pourra à atteindre 3-4°C au niveau planétaire à la fin du XXIe siècle. »

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