"Le Stade de France, c'est mon rêve": libéré, Kevin Mayer peut enfin se projeter vers les JO de Paris

Partout, tout le temps. Kevin Mayer ne pouvait plus sortir de chez lui depuis son abandon aux derniers mondiaux de Budapest, il y a un an, sans qu’on ne lui rappelle qu’il n’était pas qualifié pour Paris 2024.

"C’était horrible", explique-t-il aujourd'hui.

Mais c’est terminé. Avec 8476 points et une cinquième place finale lors des championnats d’Europe de Rome, il a parfaitement respecté le plan initial: se qualifier sans forcer. Son entraîneur Alexandre Bonacorsi est ravi. "On a tenu les projections, je suis fier de nous, de lui. Kevin parce qu’il a su se contenir, et moi parce que j’ai trouvé les bons mots aux bons moments pour le canaliser". Malgré un suspense essoufflé lors de la dernière épreuve, le 1500m, Mayer stressait encore. "J’avais des baisses de tensions, je voyais flou. J’ai eu peur en fait, peur d’avoir des crampes. J’ai eu peur de tout", confie-t-il à l'arrivée. Car le double champion du monde rappelle qu’il ne sait pas comment, juste, se qualifier. "Je ne sais pas faire de minima, je veux chercher les maxima".

Son coach a "pleuré pendant quinze minutes"

Même si Kevin Mayer n’est pas monté sur le podium, il a vécu des émotions plus que fortes. Il a franchi sa première barre à 5m à la perche lors de son troisième et dernier essai! Un échec de plus et un zéro pointé l’aurait condamné. "Je n’ai jamais eu autant d’émotion! Passer cette barre, c’était mieux qu’une médaille. Cela fait un an que la pression d’une qualif’ est trois fois plus forte que la pression d’une médaille".

Même son coach Alexandre Bonacorsi a craqué. "J’ai pleuré pendant quinze minutes après la perche. C’était intense, il y avait tellement de pression depuis un an". Mais la légende de Mayer continuera bien de s’écrire, et surtout au Stade de France pour le décathlon olympique.

Quelles ambitions au Stade de France pour Mayer?

"En 2006 (il avait 14 ans), je faisais des dominos en forme d’anneaux olympiques quand on a appris que Paris était candidate pour 2012. Je voulais les faire tomber quand la bonne nouvelle arriverait. Londres a été choisi. J’ai dû attendre quatre olympiades", se remémore Kevin Mayer.

"Je connais le plaisir des Jeux olympiques, mais pas celui d’être au Stade de France, c’est mon rêve", confie-t-il ainsi.

Les 2 et 3 août prochaines, Mayer voudra donc aller chercher une troisième médaille olympique, après les deux en argent de Rio 2016 et de Tokyo 2021. Mais avec quelles ambitions après un décathlon de "seulement" 8476 points?

Mayer sera accompagné par Gletty à Paris 2024

Sur ce point, Kevin Mayer se veut rassurant, promettant que le prochain décathlon ne sera pas du tout du même acabit. "Ce ne sera pas la même. J’ai l’habitude, en plus je ne serai pas favori (sourire). C’était le décathlon le plus long de ma vie, mais je sors sans blessure. Ma sciatique ne m’a pas gêné une seule seconde".

Mayer a déjà hâte d’attaquer la dernière ligne droite de sa préparation débarrassé d’un poids sur la poitrine immense. "Je ne sais pas encore comment je vais récupérer… mais je l’ai fait! Je vais pouvoir refaire de l’athlétisme à haute intensité et être fort à Paris".

"Contrat plus que rempli", selon le coach Bonacorsi.

Les deux hommes ont tenu également à saluer la performance de Makenson Gletty, le jeune tricolore médaillé de bronze à Rome, qui a lui aussi validé les minima parisiens.

Article original publié sur RMC Sport