Stéphane Le Foll : « La crise agricole est morale et politique »
« C'est le gag de l'histoire. » En 2006, c'est dans sa ville du Mans que la FNSEA, le principal syndicat agricole, décide d'une nouvelle orientation économique, et presque politique : le chef d'une exploitation agricole doit travailler comme un chef d'entreprise. Son objectif, c'est désormais la rentabilité, donc la spécialisation des cultures et la recherche de capitaux pour investir toujours plus et dégager des marges. Ce système, assure Stéphane Le Foll, fait fausse route. Il est même à bout de souffle, dit-il. L'ancien ministre de l'Agriculture de François Hollande explique en partie la crise qui traverse, aujourd'hui, le monde agricole et conduit à la colère du moment. Il voit, évidemment, d'autres causes à cette colère, comme la taxation sur le gasoil non routier, la baisse des prix ou encore le réchauffement climatique qui bouleverse les cycles de la nature. Mais l'enfant de paysans bretons milite pour un retour à une agriculture raisonnée, fondée sur les cycles de la nature et le retour au collectif. Il s'en explique en exclusivité pour Le Point.
Le Point : La France est coutumière des crises agricoles, déclenchées la plupart du temps par les mêmes causes : les prix trop bas, les normes envahissantes ou encore les taxes trop lourdes. 2024 est-elle une année différente des autres ?
Stéphane Le Foll : On est habitué à ces mouvements de colère, mais celui-ci est différent. D'abord, il y a un contexte plus général. La crise est partie des Pays-Bas, puis [...] Lire la suite