UFC Paris: Ciryl Gane, un rendez-vous à ne pas rater face à Spivac

Il se retrouve au pied du mur. Le moment de bascule. D’un côté du précipice, le bon wagon à accrocher pour continuer de rêver au Graal. De l’autre, un saut dans l’inconnu pour la suite de sa carrière. Comme l’an dernier, où il avait fini d’enflammer un public déjà ultra bouillant en éteignant le cogneur Tai Tuivasa au troisième round, Ciryl Gane est la tête d’affiche de la deuxième édition de l’UFC Paris, où il sera opposé au Moldave Serghei Spivac ce samedi soir à l’Accor Arena de Bercy. Avec une grosse pression sur les épaules.

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L’an dernier, avant de prendre Tuivasa, le Vendéen sortait d’une défaite à la décision contre Francis Ngannou pour le titre incontesté des poids lourds de la plus grande organisation de MMA à travers la planète. Rebelotte. "Bon Gamin" sort encore d’un revers pour la couronne en mars dernier. Mais face à la légende Jon Jones, il a plié en deux minutes, balayé par son incapacité à répondre à l’Américain au sol. Les critiques sans pitié des réseaux sociaux ont plu. Habituel roc de détachement, Gane a avoué qu’elles l’avaient marqué. Il est maintenant l’heure de les mettre derrière lui.

Pour continuer de rêver de titre, déjà. Avec un choc dans les tuyaux entre Jones et l’ancien champion Stipe Miocic, en novembre au Madison Square Garden, la situation chez les lourds pourrait vite être chamboulée. Jones et Miocic ont laissé entendre qu’ils prendraient leur retraite après leur choc. La ceinture deviendrait alors vacante. Et il faudra être placé pour espérer la disputer. Toujours numéro 2 du classement des challengers de la catégorie, Gane a une carte à jouer. Mais il faut absolument battre Spivac, le numéro 7, pour rester sur le bon chemin emprunté par Sergei Pavlovich, Tom Aspinall et le futur vainqueur du combat entre Jailton Almeida et Curtis Blaydes (le 4 novembre à Sao Paulo).

Seul combattant à avoir déjà eu sa chance pour le titre dans cette liste, et deux fois, le pensionnaire du MMA Factory ne sera pas forcément prioritaire. Il faut gagner pour convaincre, et avec la manière si possible, avant sans doute de devoir passer par le dangereux obstacle Aspinall, qui sera comme promis en bord de cage ce samedi pour défier le vainqueur. Il faudra aussi répondre à des questions. S’est-il relevé psychologiquement de la claque infligée par Jones en mondovision? L’ancien champion intérimaire a-t-il progressé sur ses lacunes apparues au grand jour?

Vite de retour à l’entraînement après la débâcle, ce qui n’était pas dans ses habitudes, Gane a charbonné comme jamais avant de retrouver l’octogone. Il a travaillé sa lutte et son sol avec des spécialistes, à l’image du judoka médaillé olympique et mondial Cyrille Maret, et va avoir l’occasion de montrer ses progrès face à Spivac. Venu du jiu-jitsu traditionnel, du judo et du sambo, le "Polar Bear" (ours polaire, son surnom) moldave présente des points forts qui sont les points faibles du Français, dont la montée vers les sommets a eu l’avantage de ne le voir croiser que des strikers – spécialistes du combat debout – comme lui.

Très bon pour amener ses adversaires au sol depuis le clinch avec ses projections judo et ses balayages, efficace pour martyriser la concurrence de coups au sol (beaucoup moins pour aller chercher la soumission), Spivac va offrir un test grandeur nature à Gane. Que ce dernier devra passer pour prouver qu’il a le profil d’un champion dans une division où le technique et la versatilité commencent à prendre le pas sur le côté bourrin du passé.

On n’ose imaginer une défaite de Gane, large favori des bookmakers. Mais on comprend qu’elle ferait mal à ses ambitions et peut-être même à son envie de continuer à faire les efforts alors que sa discipline a déjà fait de lui un millionnaire. Ciryl Gane, qui va disputer un septième main event (combat principal) de suite à l’UFC, reste sans discussion possible le plus grand combattant de l’histoire du MMA tricolore. Mais son histoire est aujourd’hui à un tournant. Devant son public, son peuple, elle prendra un virage ou l’autre.

Article original publié sur RMC Sport