UFC 288: Muhammad-Burns, Gracie-Jourdain, pourquoi la carte est belle au-delà du main event

Muhammad-Burns, le risque qui rapporte

Dana White, patron exécutif de l’UFC, a confirmé en conférence de presse ce qu’on savait déjà. Le vainqueur du co-main event de l’UFC 288 entre Belal Muhammad et Gilbert Burns, respectivement quatrième et cinquième du classement des challengers des welters, sera le prochain en liste pour affronter le vainqueur du futur combat – à une date encore à déterminer – entre l’actuel champion Leon Edwards et Colby Covington. Il l’aura bien mérité.

Le co-main event du week-end aurait dû opposer Charles Oliveira, ancien champion des légers, à Beneil Dariush. Mais un forfait du premier a obligé l’organisation mastodonte du MMA à déplacer l’affaire au 10 juin pour l’UFC 289. Il fallait donc "sauver" le 288 avec un autre gros combat. Et Muhammad comme Burns ont répondu présent. Après son dernier combat, une victoire par décision unanime sur Jorge Masvidal début avril à Miami lors de l’UFC 287, le second avait pourtant "réclamé" un combat pour le titre ou sa libération de l’UFC.

Un mois plus tard, un timing symbole de son esprit guerrier, on retrouve le Brésilien qui monte dans la cage pour la troisième fois de l’année (il avait battu Neil Gany sur soumission en janvier à l’UFC 283) dans un combat en cinq rounds contre un adversaire qui reste sur huit victoires et un no contest lors de ses neuf dernières apparitions dans l’octogone. Quand la nouvelle du forfait d’Oliveira est tombée, les deux ont contacté l’UFC via leur manager pour demander à prendre ce co-main event contre Covington.

Ce dernier étant gardé au chaud pour Edwards, l’organisation leur a proposé de partager l’affiche. Burns, qui revenait de trois jours de vacances au Mexique avec sa femme, a accepté tout de suite. Muhammad, qui était au Canada et qui sortait du ramadan, a d’abord hésité en raison de doutes sur sa capacité à faire le poids. Mais il a fini par dire oui aussi. Avec la même demande pour les deux : cinq rounds, comme un combat pour le titre.

"Quand j’ai parlé après Masvidal, c’était une vraie demande, sourit Burns, battu pour le titre par son ancien coéquipier Kamaru Usman en février 2021, dans une interview à ESPN. Mais quand Edwards a donné une interview pour dire qu’il ne combattrait pas en juillet à Londres mais en octobre à Abu Dhabi, je me suis dit que je ne voulais pas attendre jusque-là. Si je n’avais pas pris ce risque et attendu octobre, Belal aurait affronté Shavkat Rakhmonov ou Kamaru Usman. J’ai vu la possibilité de perdre ma position à attendre et je préfère la risquer. Si je perds, ce sera ma faute, pas parce que j’ai attendu."

"Si ça avait été un combat pour le titre, j’aurais dit oui, explique Muhammad, qui n’a jamais combattu pour le titre. Alors quand ils m’ont dit qu’une victoire contre Gilbert m’assurerait de combattre pour la ceinture ensuite, je devais saisir cette opportunité." Qui saura la saisir? La réponse écrira une partie de l’avenir de la catégorie des welters. Les deux prennent un gros risque. Mais la récompense au bout sera superbe pour le vainqueur.

Gracie-Jourdain, l'intriguante opposition de styles

Son nom est synonyme de légende dans le jiu-jitsu brésilien et le MMA. Fils de Rickson, considéré comme le meilleur combattant du clan Gracie dans les années 80 et 90, Kron Gracie fait son retour à l’UFC trois ans et demi après son dernier combat en date, une défaite sur décision unanime contre Cub Swanson en octobre 2019. Ancien vainqueur de l’ADCC (plus grande compétition de grappling) et médaillé d’argent aux Mondiaux de JJB, où il avait été battu en finale par… Gilbert Burns, le Brésilien est un spécialiste du sol qui peut soumettre n’importe qui si on lui en laisse l’opportunité.

Mais celui qui a lancé un débat (intéressant) en proposant des combats de MMA de 15 ou 25 minutes sur un seul round fera face à un adepte du striking, le Québecois Charles Jourdain, qui adore aller à la "guerre". Une opposition de style qui promet des étincelles. Gracie, qui avait montré de gros manques dans son arsenal face à Swanson, jouera-t-il seulement sur sa grande force ou tentera-t-il d’échanger debout avec Jourdain? Ce dernier, connu pour livrer des combats divertissants pour le public, sera-t-il trop foufou comme parfois et laissera-t-il l’opportunité au premier de le soumettre sur une erreur?

Alors qu’il reste sur deux défaites, les progrès de Jourdain en lutte seront à observer. Juste après son dernier revers, une décision unanime contre Nathaniel Wood en septembre dernier lors de l’UFC Paris, "Air" (son surnom, jeu de mots rapport à son nom) a vu la légende québécoise Georges St-Pierre venir lui parler pour lui promettre son aide en lutte. Si l’on en croit les clichés sur les réseaux sociaux, le travail ensemble a été fait. Et Jourdain a passé beaucoup de temps à la Montréal Wrestling Academy. Suffisant pour défendre face à Gracie si ce dernier met les mains sur lui? On le saura ce week-end.

Andrade-Yan, la ceinture à l’horizon?

C’est ce qu’on appelle une récompense. En acceptant d’affronter Erin Blanchfield chez les mouches dans le combat principal d’une Fight Night mi-février, moins d’un mois après sa démonstration face à Lauren Murphy (décision unanime) à l’UFC 283, Jessica Andrade a sauvé l’événement – Blanchfield devait affronter Taila Santos, forfait de dernière minute pour des problèmes de visa – avant de voir l’UFC lui offrir un nouveau contrat pour services rendus. L’organisation mastodonte du MMA a aussi livré à la Brésilienne un nouveau combat, le troisième en 2023, face à la Chinoise Xiaonan Yan.

Cette fois, ce sera chez les pailles, catégorie où Andrade a déjà détenu la ceinture en 2019 et où elle apparaît au quatrième rang du classement des challengers. La Brésilienne est dans une position rare, dans le top 5 chez les pailles comme chez les mouches (où elle a déjà combattu pour le titre en 2021, battue par la championne de l’époque Valentina Shevchenko), et un combat pour la ceinture face à la championne Zhang Weili pourrait être dans les tuyaux si elle bat son adversaire chinoise, surtout si elle y met la manière.

Sixième du classement des challengers, Yan a aussi une superbe carte à jouer: une belle victoire pourrait pousser l’UFC à monter un événement en Chine avec Weili pour voir les deux combattantes locales s’expliquer pour le titre dans une ambiance qui serait bouillante. Pour son vingt-quatrième combat à l’UFC, Andrade espère briser ce rêve et s’offrir un nouveau chemin vers le titre.

Article original publié sur RMC Sport