Tour de France: l'équipe UAE de Pogacar, "c'est le Real Madrid"

Le Slovène Tadej Pogacar lors du dernier Tour d'Italie qu'il a remporté, le 25 mai 2024 à Bassano del Grappa (Luca Bettini)
Le Slovène Tadej Pogacar lors du dernier Tour d'Italie qu'il a remporté, le 25 mai 2024 à Bassano del Grappa (Luca Bettini)

"Des rock stars", "une équipe monstrueuse", "c'est le Real Madrid": l'équipe UAE débarque sur le Tour de France avec une troupe de "Galactiques" impressionnante qui, vu l'aura de son leader Tadej Pogacar, semble à l'abri d'une guerre d'égos.

Peu importe le bout par lequel on la prend, la sélection de la formation émirati donne le vertige. Pour épauler le Slovène, lancé dans un formidable défi de réaliser un doublé Giro-Tour inédit depuis 1998, elle aligne sept coureurs qui auraient tous pu être leaders dans beaucoup d'équipes.

Nils Politt, Tim Wellens, Pavel Sivakov, Marc Soler, Juan Ayuso, Joao Almeida et Adam Yates : c'est une Dream Team, renouvelée à 100% par rapport à l'effectif qui a accompagné Pogacar sur le Giro, une "équipe monstrueuse", selon le directeur du Tour Christian Prudhomme.

Le Tour de Suisse, dernière grande course de préparation, a donné une illustration de la force de frappe des UAE. Yates et Almeida y ont fait un et deux au classement général après avoir terminé les quatre dernières étapes aux deux premières places pour se partager deux victoires chacun.

"On n'a encore jamais vu une composition aussi forte sur le Tour de France. Je ne pense pas qu'il puisse leur arriver grand-chose. C'est le Real Madrid", observe Vincent Lavenu, le manager de l'équipe Décathlon-AG2R La Mondiale.

- Fusée à plusieurs étages -

Pour Pogacar, c'est un vrai changement. Après avoir subi ces deux dernières années le joug de la surpuissante Visma de Jonas Vingegaard, le Slovène se retrouve pour la première fois avec l'équipe la plus forte du peloton, et de loin.

C'est une fusée à plusieurs étages où chacun tient un rôle bien défini. En plaine, Politt et Wellens sont capables d'essorer tout le monde. En montagne Sivakov et Soler constituent des rampes de lancement idéales. Et il reste encore Aysuo, le jeune prodige espagnol qui a terminé troisième de la Vuelta en 2022 à l'âge de 19 ans, Almeida, troisième du Giro en 2023, et Yates, troisième du Tour l'an dernier.

"Mon rôle va être le même que l'année dernière: être le dernier coéquipier de Tadej en montagne avant qu'il n'attaque. Et il sait que s'il a besoin de quoi que ce soit d'autre, on sera là", explique le Britannique qui se dit prêt à se ranger sans états d'âme au service de son leader.

Dans le passé, de nombreuses équipes ont été secouées par des rivalités en interne comme Ineos en 2023 et même Visma a connu une dernière Vuelta agitée lorsque Sepp Kuss est passé devant Vingegaard et Primoz Roglic.

Chez UAE, on assure que ça se va bien se passer. "On a une équipe de rockstars, c'est vrai, mais tous savent que Tadej est le leader", insiste le manager Joxean Matxin Fernandez qui rappelle que la sélection avait été annoncée dès le mois de décembre, donnant à chacun le temps d'intégrer son rôle.

- "Facile de courir avec Pogacar" -

La suprématie manifeste de Pogacar, sa personnalité généreuse contribuent à installer une hiérarchie naturelle.

"J'ai couru avec lui au Tour de Catalogne cette année et c'était super, il y avait une bonne ambiance, pas de pression, vraiment relax, rapporte Pavel Sivakov. C'est facile de courir avec Pogacar parce qu'on sait qu'il sera quasiment toujours au rendez-vous, donc c'est une grosse motivation pour faire le boulot. Je suis fier de faire partie d'une équipe comme ça."

Pour le Français, qui aurait pu aspirer à un rôle de leader après la fin de son contrat chez Ineos, se mettre au service d'un autre a aussi ses avantages.

"Bien sûr on est gregario mais quand c'est pour un gros leader comme Pogacar ça peut donner des opportunités, comme par exemple Adam (Yates) l'année passée qui prend le maillot jaune dès le premier jour. La façon de courir de UAE est assez ouverte et donne des chances à tout le monde."

Tactiquement, cette profusion ouvre des perspectives intéressantes pour harceler et épuiser les autres leaders, alors qu'Almeida, 25 ans, et surtout Ayuso savent que l'avenir leur appartient, eux qui ne disputent que leur premier Tour.

"On a passé beaucoup de temps ensemble à s'entraîner en groupe en altitude (à Isola 2000), souligne Pogacar. Maintenant on a juste hâte que ça commence et à se battre pour la victoire et présenter un bon show."

jk/bde