Tour de France: Abrahamsen, le coureur qui a pris 20 kg pour aller plus vite

C'est déjà la quatrième fois, sans doute pas la dernière, qu'il s'échappe et se retrouve dans le groupe de tête. Sans être un sprinteur en quête de victoire d'étape ni un grimpeur en mesure de concurrencer Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard pour le maillot jaune, Jonas Abrahamsen s'avère être l'une des figures de ce Tour de France 2024. Entre Aurillac et Villeneuve-sur-Lot, jeudi 11 juillet, le méconnu baroudeur norvégien de l'équipe Uno-X Mobility a encore montré le maillot à pois à l'avant afin de faire main basse sur un maximum de points de montagne avant les explications de haute altitude.

À 28 ans, Jonas Abrahamsen commence tout juste à se faire un nom dans le peloton. Jusqu'en 2022, ses résultats sont anonymes. Il finit par se montrer en 2023 avec déjà quatre échappées de plusieurs dizaines de kilomètres lors de sa première participation sur le Tour de France. Puis avant de retourner sur les routes françaises, une audacieuse double attaque dans le final de la Brussels Cycling Classic (anciennement Paris-Bruxelles) lui offre la première victoire de sa carrière pro. Un succès qui lui avait échappé quelques mois auparavant sur le Tirreno-Adriatico, après plus de 200 kilomètres d'échappée.

"Je me sens de plus en plus fort"

Cette transformation est le fruit d'un changement de profil suggéré par son équipe, en passant de grimpeur à rouleur. Ce qui a nécessité une prise d'une vingtaine de kilos alors qu'il en pesait 60, au risque dans un premier temps de souffrir d'une réduction de son endurance à haute intensité et du très scruté ratio de watts par kilos. Mais les résultats ont été très satisfaisants. "Je me sens de plus en plus fort. Mon corps réagit de mieux en mieux à ma prise de muscles. Je suis passé d'une pointe de 900 watts à 1.500 en prenant du poids", commentait l'intéressé dans une interview donnée en avril dernier à Domestique.

"Avec ce changement, j'ai aussi plus d'opportunités en tant que coureur, maintenant je peux participer à un sprint, aller dans une échappée ou être en tête d'une course pour les grimpeurs. À ce propos, je pense que mon niveau d'ascension est probablement le même qu'avant", ajoutait-il à l'époque. Au point d'affirmer désormais, comme il l'a fait après la première étape: "Je grimpe mieux que lorsque j’étais plus léger".

Prendre du poids dans le cyclisme, c'est aussi un travail mental à faire, surtout en tant que grimpeur. "Quand vous êtes jeune et que vous rêvez d'être au sommet du Tour de France, vous ne pouvez pas peser trop lourd. J'étais très maigre quand j'ai commencé le cyclisme, peut-être autour de 60 kilos, racontait-il pour Vélo. Peut-être que j'ai quelques fibres musculaires rapides, mais quand j'étais trop maigre, je ne pouvais pas les utiliser. J'étais plutôt bon en junior, mais par la suite, j'ai senti que j'étais un peu trop léger et que je n'avais rien à construire". Le voilà désormais autour des 80 kg et autorisé à inclure "bonbons" et des "tacos" dans son alimentation.

Article original publié sur RMC Sport