Un tour en cellule avec Fra Angelico

                  Le Christ aux outrages, de Fra Angelico. - Credit:
Le Christ aux outrages, de Fra Angelico. - Credit:

Si vous profitez de l'été pour visiter Florence, je vous conseille d'éviter les deux heures de queue qu'impose la galerie des Offices pour aller directement au couvent San Marco, en plein centre de la ville. Vous y découvrirez la plus grande collection d'œuvres de Fra Angelico (1387/95-1455), moine dominicain et peintre de la Renaissance italienne.

Rappelons que la Renaissance est l'histoire d'une progressive conquête du réel depuis Giotto jusqu'à Raphaël – chaque peintre marquant un jalon de ce progrès technique aboutissant, en deux siècles, à la maîtrise de la perspective, de l'anatomie et du rendu des textures. Ainsi, chaque peintre de la Renaissance a tour à tour l'air « archaïque » vis-à-vis de ses suiveurs et « réaliste » vis-à-vis de ses prédécesseurs. Angelico développe par exemple un style plus précis et lumineux que celui de Giotto, mais avec une fausse naïveté et une vraie fraîcheur que Raphaël refusera.

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Une vie vouée à l'ascèse

Voyez cette fresque du Christ aux outrages gardant un calme majestueux tandis que quatre mains naïvement dessinées le giflent et qu'un homme, réduit à son profil, lui crache dessus. La vilenie dont il est l'objet n'atteint pas la beauté solennelle de sa robe blanche et de son trône rouge dans cette composition épurée. Cette fresque orne encore les murs d'une cellule du couvent, inchangée depuis le XVe siècle. On imagine avec émotion la vie du moine anonyme, vouée à l'ascèse et à la [...] Lire la suite