Les calendriers d’athlètes nus: un concept qui a fait son temps?

Pour les athlètes, amasser des fonds est vital à l'atteinte de leurs objectifs. Mais serait-il temps de passer à un autre moyen de financement que celui de la vente de calendriers d'athlètes nus? On peut se poser la question.


Les joueuses de l'équipe canadienne féminine de rugby cherchent des moyens de financer leurs activités, d'obtenir de la visibilité et de sensibiliser le public à leur sport. Elles ont donc décidé d’enlever leurs vêtements pour la production d’un calendrier. Selon leur communiqué, l'objectif de ce calendrier 2013 est de faire connaître leur sport et de détruire les stéréotypes… Ah oui, elles souhaitent aussi amasser des fonds pour aider les membres de l’équipe à participer à la Coupe du Monde et aux qualifications olympiques de 2016.

L'idée des calendriers montrant des athlètes nus ne date pas d’hier. Skieuses de fond, athlètes de curling et de biathlon et bien d’autres ont déjà utilisé ce moyen. Pour l’équipe de rugby, c'est presque une habitude, car ce calendrier est leur quatrième production. Les photos demeurent toutefois généralement de bon goût, laissant davantage place à l’imagination qu’à l’érotisme.

Mais est-ce qu’une idée est bonne simplement parce qu’elle se monnaie bien? On souligne l’importance d’abattre les stéréotypes, mais en produisant ce genre de calendrier, ne sont-elles pas encore en train d’en soutenir d’autres? Serait-il possible d’amasser des fonds autrement que par la nudité des athlètes? Pourrait-on être plus ingénieux? Et ce n’est pas par extrême pudeur qu’il faut se poser la question, mais est-ce qu’un calendrier d’athlètes nus contribue réellement à la promotion du sport ou est-il simplement un moyen pour les hommes désireux de consommer la nudité féminine de se satisfaire?

Cette initiative en laisse plusieurs sur leur faim, dont Jane Roos, une ancienne athlète, fondatrice et directrice exécutive de l’organisme CAN Fund, qui a réussi à amasser près de 14 millions de dollars destinés au financement des athlètes, sans demander à quiconque d’enlever ses vêtements.

Les calendriers sexy ont fait leurs preuves, avec des recettes de plus de 100 000 dollars au cours des dernières années. Par contre, avec son pouvoir de négociation, CAN Fund a réussi, avant les Jeux de Vancouver, à convaincre la société «Sprott Asset Management» et sa fondation «Sprott Foundation» de faire un don de 100 000 dollars pour chaque médaille d'or remportée par le Canada. Le tout a alors rapporté 1,4 million de dollars.

Jane Roos aimerait donc voir davantage d’entreprises canadiennes prendre part au financement des athlètes. Elle lance d’ailleurs une idée lumineuse: les joueurs de la Ligue nationale de hockey (LNH) pourraient «parrainer» une athlète. Lorsqu’on y réfléchit, parrainer un ou une athlète pourrait être un excellent moyen de redonner à la communauté du sport amateur pour un joueur gagnant quelques millions par année. De plus, ça éviterait aux calendriers de femmes nues qui ne font que ramener constamment la femme à un statut de simple objet de désir. Et pour tous ceux qui songent à acheter le calendrier de cette équipe de rugby, pourquoi ne pas simplement envoyer directement un don à l’équipe?

Ne devrions-nous pas privilégier autre chose en tant que société que de constamment miser sur l’attrait de la sexualité et de la femme-objet? Nos athlètes veulent briser des stéréotypes, qu’elles le fassent. Mais de grâce, sans avoir à en encourager d’autres.

D’ici là, souhaitons bons Jeux à l’équipe féminine de Rugby du Canada… et comme elles seront habillées lors des compétitions, nous pourrons pleinement nous concentrer sur leurs exploits sportifs…

(Adapté par Maxime Sarrazin du blogue Eh Game, de Yahoo! Sports)