Comment s’organise la lutte contre le dopage pendant la Coupe du monde de rugby 2023

Comment s’organise la lutte contre le dopage pendant la Coupe du monde de rugby 2023

En quelques semaines, deux cas sont venus rappelés que le rugby était une discipline sujette au dopage. Le 26 août, nous apprenions que le demi de mêlée gallois de Biarritz (Pro D2), Rhys Webb, avait été contrôlé positif à l’hormone de croissance. Au même moment, Elton Jantjies, demi d’ouverture champion du monde avec l’Afrique du Sud en 2019, disait avoir subi un test positif au clenbutérol. Cette substance interdite sert notamment à préserver la masse musculaire.

Pour maîtriser au mieux ce fléau, World Rugby, via sa branche antidopage, va appliquer un protocole précis pendant ce Mondial. Pour l’occasion, l’instance internationale travaillera avec l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD). "World Rugby a une équipe de commissaires anti-dopage, avec des experts techniques", explique Mike Earl, le patron de l’antidopage de la Fédération Internationale. "Et sur tous les tests, un commissaire travaillera avec un agent préleveur de l’AFLD pour s’assurer que le processus fonctionne et pour faire la liaison entre les équipes de rugby et l’AFLD."

Des prélèvements surprise

Il y aura d’abord les prélèvements après les rencontres. "Il y en aura lors de chaque match", prévient Mike Earl. Généralement, deux joueurs par équipe sont concernés. "Les joueurs choisis pour le test sont prévenus à la fin. Ils sortent du terrain et sont suivis et surveillés par un commissaire jusqu’au prélèvement dans la salle antidopage". Les joueurs sont sous observation constante, ils ne peuvent pas aller aux toilettes jusqu’au test. "Ensuite, un salarié de l’AFLD fait le prélèvement. Ce dernier est divisé en deux échantillons : le A et le B. Les échantillons sont envoyés au laboratoire (le laboratoire antidopage français à Saclay, en Essonne). Le A est analysé et les résultats nous reviennent tandis que le B est conservé. Si l’échantillon A présente un résultat anormal, le joueur a l’opportunité de demander que le B soit testé pour voir si cela est confirmé." Un processus habituel et bien rôdé dans une discipline où le dopage est présent. En France, en 2022, le rugby fut le sport le plus contrôlé par l’AFLD et le deuxième sport le plus touché par des contrôles positifs, derrière le MMA (rugby à XV, XIII et VII confondus).

Un processus de sélection

Il y aura aussi des visites des commissaires sur les jours "de repos", entre les rencontres. "Cela signifie que nous pouvons venir sans prévenir aux hôtels, sur les terrains d’entraînement", explique Mike Earl. "Nous avons ces informations sur les équipes afin de pouvoir tester sans préavis. Tous les tests sont ‘surprise’." L’ancien salarié de l’UEFA, dans le monde du football, ne souhaite pas avancer de chiffres quant au nombre d’échantillons qui seront prélevés afin de ne "pas donner d’informations en avance aux équipes sur la fréquence des tests." L’an dernier, World Rugby a prélevé 2 500 échantillons d’urine et de sang. Et les personnes ciblées ne le sont pas tout à fait au hasard.

"Le processus de sélection dépend de différents facteurs. Nous avons conduit un long programme depuis un an, avec de nombreuses analyses sur les joueurs qui vont participer au tournoi. La sélection est basée sur des analyses scientifiques, les profils biologiques des joueurs via le sang et l’urine récoltés jusqu’ici. Nous testons différentes choses et gardons ces échantillons. Avec ces statistiques, nous identifions quels joueurs sont plus susceptibles que d’autres d’être visés, lesquels n’ont pas été testés depuis longtemps." Pour essayer de trouver quels types de produits ? "Les substances les plus souvent détectées dans le sport sont les stéroïdes anabolisants", répond Mike Earl. "C’est environ 50% des tests positifs. Il y a aussi récemment eu des cas avec des hormones de croissance. Nous regardons toutes les substances, nous sommes vigilants. Nous testons pour les hormones de croissance, l’EPO… Nous savons qu’il y a des risques avec tous types de produits, donc nous ratissons large."

Les professionnels moins touchés que les amateurs

Il précise tout de même que le dopage, dans le rugby, ne concerne que très peu le haut niveau. C’est avant tout chez les amateurs de la discipline que des cas positifs sont détectés. "Mais nous restons attentifs et utilisons toutes les armes possibles", prévient Mike Earl. Une campagne de sensibilisation sur le sujet nommée "Keep Rugby Clean" aura lieu le week-end du 23 et 24 septembre.

Article original publié sur RMC Sport