Proposition de loi pour abroger la retraite à 64 ans: Dussopt dénonce "une machine à déception"

Une proposition de loi qui donne des sueurs froides à la majorité présidentielle. Le groupe Liot à l'Assemblée nationale a déposé un texte pour abroger la retraite à 64 ans. Si la manœuvre n'a que très peu de chance de se traduire complètement dans la loi, son adoption pourrait mettre en très grande difficulté le gouvernement. De quoi pousser Olivier Dussopt à hausser le ton.

"C'est une machine à déception parce qu'il y a des Français qui, pour une raison ou pour une autre, sont opposés à la réforme et c'est leur droit. Et ils peuvent croire à cette initiative. Et à la fin, ils seront déçus", avance le ministre du Travail ce vendredi matin sur Europe 1.

Un vote positif qui mettrait sous pression Macron

Cette proposition de loi sera étudiée le 8 juin prochain dans l'hémicycle et inquiète fortement l'exécutif. Sur le papier, elle a toutes les chances d'être adoptée si des députés LR joignent leurs voix à celles de la Nupes et de la RN.

19 députés LR ont déjà voté en faveur de la motion de censure déposée par le groupe Liot après le recours au 49.3 par Élisabeth Borne pour faire adopter la réforme des retraites.

Si la probabilité qu'elle se traduise concrètement dans la réalité est très limitée, le Sénat ayant déjà dit oui à deux reprises à la retraite à 64 ans, son adoption mettrait fortement dans l'embarras la macronie. Elle pourrait ainsi donner des forces supplémentaires à la contestation de la rue et de nouveaux arguments aux opposants.

"Pas de remise en cause de la réforme"

D'autant plus que les députés ne se sont prononcés sur l'ensemble du texte ni en première ni en seconde lecture. Bertrand Pancher, le président du groupe, s'est ainsi fendu d'une lettre ouverture à destination d'Emmanuel Macron, l'exhortant à les "laisser voter".

"Personne ne peut croire, sinon ceux qui portent le texte, que l'inscription d'une proposition de loi comme celle-ci pourrait remettre en cause la réforme", a encore tancé Olivier Véran sur Europe 1, accusant le groupe Liot d'une "démarche totalement politicienne".

Dans les rangs de l'exécutif, certains plaident pour jouer la carte de l'obstruction parlementaire pour éviter tout vote. Parmi les pistes évoquées, on compte notamment la volonté de ralentir sciemment les débats. La proposition de loi ne peut être étudiée qu'entre 9h et minuit en vertu du règlement de l'Assemblée nationale.

Dussopt s'inquiète des finances publiques, Liot se défend

Mais Olivier Dussopt met, lui, l'accent sur un autre sujet: le coût de l'abrogation de la réforme pour les finances publiques.

"Il faut que le groupe Liot nous dise où on prend l'argent si on ne fait pas la réforme", a avancé l'ancien socialiste, se demandant si les députés tentés par le vote voulaient diminuer le budget de l'école, des armées, de la sécurité."

De quoi préparer la voie à un recours à un éventuel article 40. Cette disposition constitutionnelle précise que ne sont pas recevables les propositions et les amendements qui entraîneraient "soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l’aggravation d’une charge publique".

"Aux représentants du peuple de trancher"

Éric Coquerel, le président de la commission des Finances, a déjà fermé la porte à cette possibilité tandis que Yaël Braun-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale, ne semble guère partante, d'après des informations de Politico.

Du côté du groupe Liot, on rappelle que la proposition de loi est bien financée par la majoration des taxes sur le tabac. "C’est aux représentants du peuple de trancher cette affaire", a jugé de son côté Charles de Courson, figure de proue du groupe Liot.

Article original publié sur BFMTV.com