Le "préréférendum" évoqué par Olivier Véran, "une proposition" aux contours encore flous

Le "préréférendum" évoqué par Olivier Véran, "une proposition" aux contours encore flous

Une piste pour donner du relief à un quinquennat qui peine toujours à décoller. Olivier Véran a annoncé ce lundi matin sur BFMTV la possibilité d'un "préférendum". Ce format de consultation, inédit en France, permettrait d'organiser un vote sur plusieurs sujets le même jour.

"Emmanuel Macron l'a dit lui-même. Il est ouvert à faire un référendum et pourquoi pas même à un préférendum", a expliqué le porte-parole du gouvernement, tout en assurant "ne pas dire que c'est sur la table".

Le président "compte bien avoir recours" au référendum

Le ministre délégué au renouveau démocratique met ses pas dans ceux du chef de l'État après un long entretien au Point la semaine dernière. Après avoir expliqué vouloir réunir tous les partis politiques représentés au Parlement, le chef de l'État a assuré que "sortiront de ces travaux des décisions immédiates, des projets et propositions de loi mais aussi des projets de référendums".
"Le référendum fait toujours partie des options qui peuvent être utilisées et je compte bien y avoir recours", a encore insisté Emmanuel Macron.

Dans un courrier envoyé aux forces politiques dans la foulée, le président a évoqué l'objectif de cette "initiative politique d'ampleur" pour bâtir "ensemble" des textes législatifs et ouvrir la voie, "le cas échéant", à des référendums.

"Une possibilité", "pas une annonce"

Le locataire de l'Élysée s'est cependant bien gardé de préciser sur quels thèmes il pourrait consulter les Français. Il faut dire que ce n'est pas la première fois qu'Emmanuel Macron évoque cette option en six ans de présidence sans jamais passer à l'acte.

De quoi encourager Olivier Véran à pousser ses billes en guise de test en défendant le recours à un préférendum? Contacté par BFMTV.com, son cabinet évoque "une proposition, pas une annonce". "Rien n'est acté, c'est une possibilité", avance l'entourage du porte-parole du gouvernement.

"Vous connaissez la réputation des référendums, on dit que les Français vont voter pour ou contre celui qui pose la question. Peut-être qu'en posant plusieurs questions, les gens vont se lâcher sur un item et pouvoir répondre sur le fond aux autres questions", a encore espéré Olivier Véran sur notre antenne.

La Suisse et ses votations, "inadaptées à la France"

Autre avantage du préférendum et de la possibilité de faire trancher les Français sur plusieurs sujets: celui de ne pas pouvoir "résumer une consultation à une thématique de gauche ou de droite", explique l'un de ses proches.

De quoi potentiellement pouvoir séduire les forces politiques présentes lors des échanges avec le président ce mercredi à l'école de la Légion d'honneur de Saint-Denis.

Le préférendum permet également de ne pas aller dans le sens des votations suisses, très vertement critiquée par Emmanuel Macron et impossibles sans changement constitutionnel.

"Ce modèle est inadapté à la France", avait jugé le président en février 2019 dans Le Point, assurant que les Suisses "commencent toujours avec des questions de gauche" et "finissent avec des réponses de droite".

Plusieurs passages dans l'isoloir

Les Helvétiques sont appelés à se prononcer plusieurs fois par an dans le cadre de "votations populaires" sur un texte qui émane d'une initiative portée par au moins 100.000 citoyens. Le Parlement suisse élabore de son côté un contre-projet à l'initiative. Les citoyens alors appelés à se prononcer sur les deux textes lors d'une consultation sous forme de question.

Concrètement, le principe du préférendum pourrait permettre aux Français de voter à plusieurs reprises lors de la même journée en passant plusieurs fois dans l'isoloir et non en remplissant un seul document à choix multiples.

Toutes les thématiques évoquées concerneraient "un projet de loi portant sur l’organisation des pouvoirs publics, sur des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale de la nation et aux services publics qui y concourent", comme le prévoit la Constitution.

Les Français n'ont pas été consultés directement par référendum depuis le "non" à la Constitution européenne en 2005.

Article original publié sur BFMTV.com