Pourquoi le profil d'Abel Ferreira pourrait intéresser le PSG

Pourquoi le profil d'Abel Ferreira pourrait intéresser le PSG

Après Zidane, Thiago Motta, Gallardo, Nagelsmann, Xabi Alonso, Mourinho… Voilà qu’un nouveau nom s’est ajouté à la liste des potentiels entraîneurs du PSG: Abel Ferreira. Comme annoncé par L’Equipe, l’entraîneur du Palmeiras au Brésil fait partie des profils suivis par le club parisien. Une éventualité qui étonne beaucoup de supporters et d’observateurs en France. Présentation de ce jeune entraîneur au palmarès déjà bien étoffé et à la personnalité bien trempée.

Dans l’histoire du foot brésilien

Si Abel Ferreira est évoqué au Paris SG, c’est d’abord parce qu’il a des résultats. Luiz Felipe Scolari, champion du monde avec la Seleção du Brésil et entraîneur de légende du Palmeiras, le présente ainsi: "Abel est le plus grand entraîneur que le Palmeiras ait eu". Embauché par le club pauliste en 2020, le Portugais de 44 ans a remporté deux Copas Libertadores (2020 et 2021), une Recopa Sudamericana (2022), une Serie A brésilienne (2022), une Supercoupe du Brésil (2023), une Coupe du Brésil (2020), et deux championnats Paulistas (2022, 2023). Avec ces huit titres, il est l’entraîneur étranger le plus titré de l’histoire du foot brésilien. Sa longévité sur le banc du Verdão – pour qui il a dirigé plus de 210 matches - pourrait lui valoir un autre trophée. Les valses des entraîneurs sont si courantes au Brésil, que la Confédération brésilienne de football (CBF) a décidé de légiférer, il y a deux ans, pour limiter le nombre de limogeages au sein de son élite.

C’est dans cette jungle que l’entraineur portugais avait donc accepté de s’aventurer fin 2020. Il dirigeait alors le PAOK en Grèce qu’il avait mené à la deuxième place du championnat. Pour le débaucher, le Palmeiras paie les 600.000 euros de sa clause libératoire. Les premières critiques surgissent. Beaucoup d’observateurs et supporters reprochent aux décideurs paulistes de succomber à la mode portugaise, motivée par les succès de Jorge Jesus au Flamengo. Abel qui a initié sa reconversion depuis une petite dizaine d’années poursuit sa progression. En 2011, il initie sa mue comme éducateur au Sporting avec qui il devient champion en Juniors. L’équipe B des Lions s’ouvre à lui, deux ans plus tard. Celle du Sporting de Braga lui tend ensuite les bras. En avril 2016, il se voit confier l’équipe première des Gverriers du du Minho qu’il va mener deux fois au pied du podium. Il y découvre, en tant que coach, l’Europe (la C3), avant d’aller se faire voir chez les Grecs qui déclenchent, eux aussi, sa clause pour le faire venir : 2.5 millions d’euros.

La cote d’Abel est telle au Brésil que son nom revient avec insistance pour le poste de sélectionneur du Brésil. Une rumeur qu’il tente tout aussi inlassablement d’esquiver et qui est prise très au sérieux par sa patronne. Leila Pereira, présidente du Palmeiras, veut le convaincre de prolonger jusqu’en 2027, lui, dont le contrat court jusqu’à fin 2024. Mais le Portugais – qui fait de son équilibre familial une priorité – préfère patienter. Le technicien de 44 ans s’était déjà vu offrir une rallonge en 2022. Depuis, selon Globo Esporte et UOL, il toucherait un salaire annuel de 6,7 millions d’euros, ce qui en ferait l’entraîneur le mieux payer du continent sud-américain et le placerait tout proche du top-10 des coachs les mieux payés en Europe. Des chiffres contestés par le club et qui lui ont valu d’autres inimitiés. Abel est régulièrement la cible d’attaques au Brésil. Son comportement, voire son jeu, mourinhesques n’y sont pas étranger…

Adepte du Mourinhisme

Lorsqu’il atteint la finale de Copa Libertadores en 2021, Abel ne peut échapper à la comparaison avec son compatriote Jesus, vainqueur de la compétition avec le Fla, deux ans auparavant. Mais il la réfute. "Nous sommes des personnes totalement différentes", dit-il. Son inspiration est ailleurs : "Ma référence, de loin, de très loin, c’est José Mourinho ! " Quelques mois auparavant, il confiait aux médias brésiliens avoir emmené "trois livres de Mourinho" avec lui, lors de sa nuit de noces. Et il est vrai qu’il y a du José dans Abel. Sa frontalité, ses postures très entières vis-à-vis de la presse, ses critiques récurrentes envers l’arbitrage ou les instances, ses envolées verbales ou physiques, son caractère parfois bougon, lui donnent un caractère "spécial". Devenu consultant, Cicinho, ancien latéral du Real ou de la Roma, l’a carrément surnommé "Gargamel". La corporation des entraîneurs brésiliens aussi l’a dans le collimateur. Abel a déjà eu droit aux amabilités de Mano Menezes, Alberto Valentim ou Renato Gaúcho.

Il continue toutefois d’alimenter sa "machine". C’est ainsi que certains qualifient son Verdão. Selon une récente stat calculée par Globo Esporte, depuis son arrivée à São Paulo, son équipe a inscrit 70 buts sur corner (soit 19% du total des buts marqués); l’équipe qui le talonne (Fluminense) n’en compte que 45, dans le même temps. D’autres lui reprochent son jeu trop "pragmatique". Son attaquant, Dudu, en sourit : "La presse et les supporters veulent toujours du beau jeu. Nous aussi quand on est devant la télé, mais on a notre style qui est de contrôler les caractéristiques de l’adversaire."

"Je préfère 10.000 fois plus jouer vers l’avant parce que courir pour défendre c’est trop dur", se marre-t-il encore. Aux côtés du trentenaire offensif, beaucoup de jeunes sur lesquels mise Abel. Le plus symbolique s’appelle Endrick. A seulement 16 ans, il est déjà promis au Real Madrid, qui a lâché plus de 70 millions d’euros pour se l’offrir. Des gamins que Ferreira tente aussi de conseiller, de couver, d’éduquer. "C’est l’homme qu’on est qui triomphe dans le professionnel qu’on veut être", philosophe-t-il en juin 2022. Abel avoue même se transformer parfois en conseiller en patrimoine au sein de son vestiaire : "Avant d’être un entraîneur, je suis un formateur d’hommes. Je pense être un meilleur père avec mes joueurs qu’avec mes filles." Et lorsque les journalistes brésiliens lui demandent qui l’a conseillé, lui, il rétorque : "C’est celui qui est en ce moment directeur sportif du Paris SG."

Un proche de Luís Campos

Si le PSG suit Abel Ferreira, c’est aussi parce que le conseiller sportif du club francilien, Luís Campos, le connait mieux que personne. Lorsqu’il a entraîné le FC Penafiel en D2 portugaise en 1999-2000, Campos y a croisé l’actuel coach du Palmeiras. Malgré la distance et les années, le lien est resté. Abel était à peine majeur, au début d’une carrière de joueur qui le mènera à Guimarães puis au Sporting. "Je l’ai connu trop jeune pour m’imaginer quel serait son parcours, confiait le dirigeant parisien dans la Revue de l’After N°6, début 2022. Mais il manifestait déjà un intérêt pour l’entraînement. Il voulait étudier l’éducation physique pour essayer de comprendre le pourquoi du comment des questions physiques, tactiques… " Campos le prend sous son aile : "Je lui ai dit qu’il pouvait parfaitement concilier les deux choses [étudier et être footballeur pro]. Je lui ai dit : "Tu vas aller à l’université et je t’apporterai tout le soutien nécessaire pour que tu puisses passer ton diplôme et devenir joueur professionnel, parce que je pense que tu as les conditions pour faire les deux." Abel est entré à la fac cette année-là, avec moi." Abel ira au bout et obtiendra son diplôme. "Il vient de l’université et du terrain, poursuit Luís Campos. Et quand on arrive à allier la pratique – l’expérience d’avoir été joueur – aux études universitaires ou de l’entraînement, on obtient un entraîneur moderne."

Le genre de qualificatif qui rappelle José Mourinho à ses débuts. Campos qui connait tout aussi bien le Special One voit des similitudes entre les deux : "En termes de jeu, ils sont tous les deux très intelligents et savent s’adapter à leurs joueurs et à leur environnement. Au niveau de l’énergie qu’ils produisent au quotidien, ils se ressemblent, au niveau de leur fort caractère, aussi." En 2022, Abel Ferreira - qui a lu Mourinho - a publié un livre retraçant son aventure avec le Palmeiras. Et le titre le résume plutôt pas mal : "Tête froide, cœur chaud".

Article original publié sur RMC Sport