Piotr Kucherenko, vice-ministre russe, meurt mystérieusement après avoir critiqué Poutine

Le vice-ministre des Sciences et de l’Enseignement supérieur de Vladimir Poutine avait critiqué la guerre en Ukraine et le « degré de brutalisation » de l’État russe auprès d’un journaliste.

RUSSIE - Qu’est-il arrivé à Piotr Kucherenko ? Ces dernières heures, la presse internationale s’intéresse de près à la mort de ce haut responsable décédé le 20 mai alors qu’il rentrait d’un voyage professionnel à Cuba.

Nommé secrétaire d’État et vice-ministre des Sciences et de l’Enseignement supérieur de la Fédération de Russie en juin 2021, Piotr Kucherenko serait subitement tombé malade lors de ce vol retour vers Moscou, comme le rapporte le journal britannique The Times ce mercredi 24 mai, citant un communiqué du ministère russe.

L’avion où il se trouvait avec sa délégation a été contraint d’effectuer un atterrissage d’urgence dans la ville de Mineralnye Vody (au sud-est de la Russie), où les premiers secours ont tenté de lui venir en aide, en vain.

« Piotr Alexandrovitch était un leader sincèrement dévoué à son travail. Tout le monde le connaissait comme une personne ouverte, amicale et sincère », regrette sur Telegram le ministère russe de l’Enseignement supérieur, sans évoquer les conditions de la mort de celui qui est marié à Diana Gurtskaya, une star de la pop russe.

Selon la famille du politicien décédé, sa mort pourrait être liée à une maladie cardiaque. Citant les informations de la chaîne de télévision publique Zvezda, CNN indique qu’une autopsie devait avoir lieu ce mercredi.

Des risques pour sa sécurité

Mais ce nouveau décès d’un membre de l’élite russe intrigue, d’autant que le journaliste russe Roman Super assure sur son compte Telegram qu’il avait eu une conversation avec lui dans son bureau « quelques jours » avant de fuir de Russie, peu de temps après l’invasion russe en Ukraine en février 2022.

D’après cet conversation entre les deux amis, Piotr Kucherenko craignait pour sa vie et avait encouragé le journaliste à fuir la Russie sans attendre. « Sauvez-vous, vous et votre famille. Partez dès que possible. Vous ne pouvez pas imaginer le degré de brutalisation de notre État. Dans un an, vous ne reconnaîtrez plus du tout la Russie. En partant, vous faites ce qu’il faut », aurait ainsi déclaré le vice-ministre russe à Roman Super.

Et ce n’est pas la seule déclaration attribuée à Piotr Kucherenko rapportée par ce journaliste indépendant. Selon lui, le membre du gouvernement de Vladimir Poutine aurait également déclaré qu’il était impossible pour lui de fuir la Russie. « Il n’est plus possible de le faire. Ils nous prennent nos passeports », ajoutait-il, évoquant la guerre menée par la Russie en Ukraine comme une « invasion fasciste ».

Selon Roman Super, l’état de santé de Piotr Kucherenko était d’ailleurs plutôt inquiétant, le vice-ministre lui ayant confié qu’il prenait des antidépresseurs et des tranquillisants : « Je les bois par poignées. Et ça n’aide pas beaucoup. Je dors à peine. Je me sens mal. Nous sommes tous pris en otage. Personne ne peut rien dire. Sinon, nous sommes immédiatement écrasés comme des insectes. »

Morts suspectes

Comme le souligne CNN, le journal d’investigation russe IStories faisait récemment état de « plusieurs gouverneurs, des responsables des forces de sécurité et des membres de l’administration présidentielle » qui s’étaient vus refuser leur demande de démission par le Kremlin.

Auprès du média américain, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait qualifié ces informations de « canular ».

Ces nouvelles informations interviennent alors qu’une dizaine de morts inexpliquées ou suspectes ont eu lieu depuis plus d’un an dans les plus hautes arcanes du pouvoir politique et économique russe. Des morts généralement qualifiées de suicides ou d’accidents qui ont surtout touché des oligarques et hommes d’affaires russes associés aux deux plus grandes sociétés énergétiques russes : Gazprom et Lukoil.

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