OM champion d'Europe 1993: "C'était fabuleux", les souvenirs de Deschamps sur cette soirée de légende

OM champion d'Europe 1993: "C'était fabuleux", les souvenirs de Deschamps sur cette soirée de légende

Munich, 26 mai 1993. Didier Deschamps soulève le trophée: l'Olympique de Marseille vient de s'imposer 1-0 en finale de la Ligue des champions contre le grand AC Milan sur un coup de tête de Basile Boli. "C'est dur de mettre des mots", assure encore le capitaine olympien de l'époque, qui se confie trente ans après dans une interview à l'AFP sur cette "apothéose" légendaire pour la cité phocéenne et le football français. "À l'époque, on n'a pas le recul nécessaire, poursuit le sélectionneur. On s'en rend compte trente ans après: ça reste le premier et le dernier succès et ça, on ne le sait pas sur le moment".

Quand il lui est demandé de citer l'image la plus nette de cette soirée dans son esprit aujourd'hui: "À titre individuel et de manière certainement un peu égoïste, c'est le privilège de soulever ce trophée en tant que capitaine. C'est ce moment qui matérialise le succès. Mais il y a aussi tout ce qu'il y a eu après. Le retour à Marseille depuis l'aéroport jusqu'au Vélodrome, la folie que ça a pu engendrer... La passion, l'effervescence qu'il peut y avoir dans un club comme Marseille quand ça se passe bien, ça prend des proportions très importantes. Pouvoir partager ce bonheur et cette joie avec tous les supporters marseillais, c'était fabuleux".

"Au bout d'un quart d'heure, c'est comme si on avait coupé l'électricité"

Avant de savourer, Didier Deschamps s'était retrouvé face à quelques obstacles. D'abord sur le plan mental, puis sur le plan physique: "C'était ma première finale, je l'ai trop jouée dans ma tête les jours qui ont précédé et le jour du match. Cela m'a bouffé un peu d'énergie. Je me rappelle encore de l'échauffement et du début de match, j'ai de très, très bonnes sensations. Et au bout d'un quart d'heure, c'est comme si on avait coupé l'électricité. Je me dis: «Non, pas aujourd'hui...». J'ai dû gérer, mais cela m'a servi".

C'est selon lui surtout avec la "force collective" que l'OM fait la différence face aux Rossoneri. "À chaque fois qu'il y a eu un match où il ne fallait pas passer à côté, on n'est pas passés à côté", constate l'ancien milieu de terrain, qui souligne "une confiance et une solidité essentielles à ce niveau".

"Toutes ces expériences sont un trésor dans lequel je peux puiser"

Depuis, "DD" en a joué des finales, notamment deux autres de Ligue des champions, une remportée avec la Juventus en 1996, l'autre perdue en 2001 avec le Valence CF. "Le seul trait commun, c'est qu'une finale, quelle qu'elle soit, c'est un match à part. Plus les joueurs en jouent, plus ils développent leur gestion des paramètres extérieurs pour limiter leur impact psychologique". Ce qui explique la Coupe du monde 1998? "Certainement, juge-t-il. Dans l'équipe de 1998, on est nombreux à avoir gagné des titres en club avant. Cette fameuse culture de la gagne, c'est un bien grand mot mais c'est quelque chose de perceptible au quotidien".

En tant qu'entraîneur, Didier Deschamps c'est ensuite une autre finale de C1 avec l'AS Monaco (2004) et surtout les deux dernières finales de la Coupe du monde et celle de l'Euro 2016 avec l'équipe de France. Un parcours pour lequel les méthodes de Bernard Tapie et de Raymond Goethals ont forcément eu de l'influence: "J'ai retenu beaucoup de choses, dans le bien et dans le moins bien. Des choses pouvaient très bien marcher il y a trente ans, mais ne marcheraient pas du tout aujourd'hui. Toutes ces expériences sont un trésor dans lequel je peux puiser". Avec une nuance à ne pas négliger: "Je n'en fais jamais état auprès de mes joueurs car ce n'est pas leur histoire ni leur vie".

"Mais personnellement, cela enrichit, reprend-il. Des certitudes, on n'en a jamais, mais la répétition de ces expériences me permet de savoir ce qu'il ne faut pas faire. Et ce n'est déjà pas mal".

Article original publié sur RMC Sport