Nicolas Sarkozy condamné, Les Républicains (très) discrets

Éric Ciotti photographié à Matignon le 5 avril (illustration)
Éric Ciotti photographié à Matignon le 5 avril (illustration)

POLITIQUE - « La sévérité de la peine retenue est absolument disproportionnée et révélatrice de l’acharnement judiciaire. » Ceci n’est pas une phrase prononcée par Éric Ciotti, mais par son prédécesseur à la présidence des Républicains, Christian Jacob, en mars 2021, après la condamnation en première instance de Nicolas Sarkozy dans l’affaire dite « des écoutes ».

Deux ans plus tard, et après une présidentielle où l’ancien chef de l’État n’a pas du tout ménagé sa famille politique, le soutien est bien moins franc rue de Vaugirard. Certes, Éric Ciotti a bien eu un mot après la confirmation de la condamnation en appel ce mercredi 17 mai.

« Je suis attristé et peiné pour Nicolas Sarkozy, par cette condamnation qui est extrêmement lourde. Le pourvoi en cassation rend toutefois cette condamnation non définitive », a déploré devant la presse le député des Alpes-Maritimes, sans jouer le refrain de l’acharnement judiciaire, qui a pourtant souvent été entonné à droite pour contester les poursuites visant Nicolas Sarkozy.

« La justice s’est prononcée. Je n’ai pas à la commenter », a-t-il ajouté en marge de la présentation de son « contre-gouvernement » au siège du parti.

Embarras

Une retenue qui révèle un certain embarras à droite, où les réactions éruptives façon « UMP canal historique » ont été marginales. Parmi elles, la sortie d’Olivier Marleix, président du groupe LR à l’Assemblée nationale. « Des écoutes illégales, une enquête hors norme, au final le simple soupçon d’une “tentative” de délit… Oui, à l’évidence, Nicolas Sarkozy est victime d’un acharnement », a tweeté le député d’Eure-et-Loir. Sarkozyste historique revendiquée, Nadine Morano a dénoncé sur Twitter des juges « politisés » et fustigé la condamnation de l’ex-président de la République.

Silence radio

Mais en dehors du cercle de plus en plus restreint des sarkozystes de la première heure, c’est silence radio à droite. Valérie Pécresse, qui a porté les couleurs LR à la présidentielle sans le soutien de l’ex-président, n’a pas réagi. Pas plus que celui qui est annoncé comme potentiel candidat pour 2027, Laurent Wauquiez. Même silence du côté du président LR du Sénat, Bruno Retailleau qui, en 2021, affirmait pourtant que Nicolas Sarkozy faisait l’objet d’une « justice d’exception ».

Il faut dire que le Vendéen a plutôt mal digéré le rapprochement entre l’ex-chef de l’État et Emmanuel Macron. Au mois de décembre, Bruno Retailleau accusait les deux de mener une « tentative de déstabilisation de la droite ». Également désireux de couper le cordon avec Nicolas Sarkozy, Aurélien Pradié n’a pas non plus commenté cette condamnation, contrairement à ce qu’il a fait en mars 2021, lorsqu’il dénonçait les « dérives » de la Justice.

Ministre de la Santé sous Nicolas Sarkozy, l’influent président de la région des Hauts-de-France Xavier Bertrand a également gardé le silence, alors qu’au mois de septembre 2021, lors de sa condamnation dans l’affaire Bygmalion, l’intéressé avait exprimé son « soutien » et son « estime » à l’ex-président de la République.

Preuve – s’il en est – que la campagne présidentielle de 2022 et son appel à travailler avec Emmanuel Macron ont laissé des traces à droite.

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