Il n’y a jamais eu autant de bureaux vides à Pékin depuis 2010

Jinrongjie, quartier d’affaires huppé du district de Xicheng, dans centre de Pékin, est aujourd’hui un désert. Le journaliste du magazine économique Caijing s’y est rendu fin juillet, alors que le pays venait de communiquer des chiffres de croissance décevants pour le deuxième trimestre (+ 0,8 %). “Jusqu’à 15 heures, le café Starbucks situé à gauche du hall d’entrée n’a enregistré que quelques commandes”, témoigne Zhaona, une employée de bureau. D’habitude, il s’agissait de l’heure de pointe dans le quartier, où le taux d’occupation et les loyers étaient les plus élevés de la capitale chinoise.

Selon les données de Savills, société britannique de services immobiliers, le taux de vacance des bureaux à Pékin a atteint 18,3 % au deuxième trimestre 2023, son plus haut niveau en treize ans. Et le phénomène ne se limite pas à la capitale : les trois autres métropoles les plus importantes du pays, Shanghai, Canton et Shenzhen, se trouvent également dans cette embarrassante situation, avec respectivement des taux à 18,7 %, 17,5 % et 20,3 %.

Marché malade

Les données de Jones Lang LaSalle (JLL) viennent de confirmer ce recul. Selon cette société américaine spécialisée dans le conseil en immobilier d’entreprise, le taux d’immeubles de bureaux de catégorie A inoccupés, qui n’était que de 2 % dans le quartier de Zhongguancun (la Silicon Valley pékinoise) fin 2020, atteint aujourd’hui 16,9 %, et le marché “connaît une forte annulation des locations”.

Cette fuite des locataires provoque logiquement une baisse des loyers. Au deuxième trimestre 2023, le loyer mensuel moyen des bureaux à Pékin était de 316 yuans (40 euros) le mètre carré, soit une baisse de 1,5 % par rapport au trimestre précédent. Savills estime que le niveau des loyers est redescendu à celui de 2012.

Mi Yang, chef du département de recherche de JLL sur le marché du nord de la Chine, exprime la déception du secteur par une métaphore médicale : “C’est comme si le marché des bureaux était malade depuis trois ans, depuis l’épidémie [de Covid-19]. Il croyait qu’il était complètement rétabli pour se lancer dans un marathon dès le deuxième trimestre de cette année”, mais ce n’est pas encore le cas.

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