Moqueries des supporters, absences inexpliquées… Mais que se passe-t-il avec Benzema en Arabie saoudite ?

Moqueries des supporters, absences inexpliquées… Mais que se passe-t-il avec Benzema en Arabie saoudite ?

Le cas Benzema. Six mois après son arrivée en Arabie saoudite, le Ballon d'or 2022 est critiqué de toutes parts. À l'annonce de sa signature surprise à Al-Ittihad l'été dernier, l'attaquant français de 36 ans était promis à un séjour tranquille dans le royaume et des statistiques extraordinaires. Il n'en est rien. Après sa cinglante défaite 5-2 contre le Al-Nassr de Cristiano Ronaldo et Sadio Mané le 26 décembre, Karim Benzema a désactivé son compte Instagram.

Encore plus surprenant: il se dit dans la presse saoudienne qu'il aurait quitté Djeddah après avoir été absent des séances d'entraînement des 28 et 29 décembre. Un départ qui pourrait néanmoins s'expliquer par le report du prochain match de championnat d'Al-Ittihad, contre Al-Tai. En raison d'intempéries, cette rencontre initialement programmée au 30 décembre a été fixée au 7 février. Son nouveau coach, Marcelo Gallardo, ne s'est pas exprimé sur les raisons de son absence à l'entraînement.

Des stats moyennes, des échecs cuisants

En 15 matchs de Saudi Pro League, Karim Benzema compte 9 buts et 5 passes décisives. Un premier bilan loin d'être brillant pour un joueur de ce calibre, dans un championnat aux défenses permissives. Il est loin derrière Cristiano Ronaldo (19 buts), mais aussi nettement devancé par Aleksandar Mitrovic (17) et même Georges-Kévin Nkoudou (14).

Ces statistiques moyennes se voient sur le terrain. Contre Al-Nassr, par exemple, en plus de concéder un penalty, il s'est aussi rendu coupable d'avoir manqué trois occasions nettes. Son penalty raté contre les Égyptiens d'Al-Ahly a coûté cher dans l'élimination au 2e tour de la Coupe du monde des clubs, le 15 décembre à Djeddah.

Sur un plan collectif, les performances en demi-teinte de Karim Benzema font qu'Al-Ittihad n'occupe que la 6e place en championnat avec 28 points en 18 journées. Ce qui fait 25 longueurs de retard sur Al-Hilal, l'équipe de Neymar, Kalidou Koulibaly et Sergej Milinkovic-Savic.

Les supporters le comparent à un "minou"

À son arrivée, Karim Benzema était acclamé. Les images de sa présentation au stade Roi-Abdallah (62.000 places) étaient impressionnantes. Mais c'était avant. Sans aller jusqu'aux sifflets en tribunes, les fans ne se privent pas de critiquer la star sur les réseaux sociaux. Au point de le comparer à un "minou", alors que le tigre est le symbole du club.

Interrogé par l'AFP, un supporter confirme les ressentiments: "Benzema a laissé tomber l'équipe dans les grands matchs. Il est le capitaine de l'équipe, mais il ne donne pas l'impression d'être le leader de l'équipe. Il semble mal inspiré comme s'il était dans un autre monde". "L'écart entre Benzema et le public se creuse de jour en jour", disait dernièrement le présentateur vedette Walid Al-Farraj.

De l'agitation au club

La situation de Karim Benzema a provoqué quelques remous au sein du club, à en croire la presse. Le limogeage de l'entraîneur portugais Nuno Espirito Santo en novembre (remplacé par l'Argentin Marcelo Gallardo) pourrait être la conséquence d'un conflit avec l'ancien Lyonnais, et pas seulement les mauvais résultats. D'après le média espagnol Relevo, des insultes auraient fusé entre les deux hommes. Il était aussi question d'un possible quiproquo concernant le brassard de capitaine.

Officiellement, le club n'a rien à redire de Karim Benzema. Mais dans une interview menée par le bureau de l'agence AFP à Riyad, une source proche du club souligne que les recrues "n'ont pas permis d'obtenir les résultats escomptés". Ce même interlocuteur, qui n'est pas autorisé à parler à la presse, ajoute: "Il est vrai que nous attendions plus de Benzema, mais nous restons conscients de sa valeur en tant que joueur de classe mondiale. Il n'est pas toujours facile de débarquer dans un nouveau championnat et de briller immédiatement (...) et c'est peut-être une question de temps".

Cette source précise aussi que le club avait "demandé" à Karim Benzema de "se calmer" après la polémique en France avec le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Une controverse déclenchée après un tweet du joueur en soutien à la Palestine sur la guerre à Gaza.

La presse ne l'épargne pas

"Il ne fait aucun effort", a fustigé le journaliste Walid Al-Farraj auprès de Goal Arabia. Un commentaire qui montre que la presse locale ne se gêne pas pour épingler la star. Pour le commentateur sportif égyptien Amir Abdel Halim, "Benzema a été affecté par la situation d'Al-Ittihad en général".

"Il se peut qu'il soit en désaccord avec le club (...) mais cela ne l'excuse pas car il ne fait aucun effort, rate des occasions très faciles et semble avoir perdu l'envie de jouer au football", a estimé le journaliste sportif saoudien Abdel Karim Al-Jasser à la chaîne publique Al-Ekhbariya.

Article original publié sur RMC Sport