MMA: Comment l’organisation Oktagon entame une révolution sur le jugement

Comme tous les sports à jugement humain, le MMA n’évite pas son lot de polémiques sur le verdict des juges. Chez Oktagon MMA, où la pépite du MMA belge Losene Keita a encore récemment signé un explosif KO, elles pourront désormais avoir lieu… en cours de combat. L’organisation tchèque, qui fait partie des meilleures en Europe, entame une révolution sur le jugement qui est tout sauf un détail ce vendredi soir à l’occasion de l’événement Oktagon 51 organisé dans l’O2 Arena de Prague. L’idée? "Open scoring", comme disent les Anglo-Saxons. Au lieu de découvrir les cartes des juges à l’issue des trois ou cinq reprises du combat, les athlètes, les coaches et le public (dans la salle comme devant son écran) obtiendront l’information sur le jugement de chaque round à l’issue de celui-ci.

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A la fin de la première reprise, les deux combattants sauront donc qui a pris le round et mène la danse. Après la deuxième, ils sauront si un des deux mène 2-0 où s’ils sont à égalité avant la dernière reprise. Et ainsi de suite si la chose se fait en cinq rounds. "Nous sommes heureux d’être la première organisation en Europe à le faire, se satisfait Pavol Neruda, co-fondateur de Oktagon MMA, sur le site MMA Junkie. Nous pensons que c’est la bonne chose à faire et nous ne comprenons pas pourquoi ce n’est pas encore en place. Nous pensons que ça va apporter plus d’excitation pour les combattants comme pour les fans."

Une approche réclamée par de nombreux combattants depuis longtemps afin de mieux savoir où ils en sont, surtout dans les combats serrés, et de ne pas se laisser tromper par la sensation d’être devant ou à égalité avant la dernière reprise – et donc de pouvoir s’imposer en perdant le dernier round ou juste en le prenant aux points – alors qu’ils doivent en fait terminer avant la limite pour avoir le bras levé. Mais une approche qui divise car certains craignent de voir l’un des deux adversaires fuir le combat sur sa fin s’il sait qu’il a une avance irrattrapable et quel seul un KO/TKO ou une soumission peuvent l’empêcher d’obtenir la victoire (ce qui peut déjà arriver dans le système actuel si un des deux est sûr d’avoir remporté les deux premiers rounds, mais ce serait forcément plus le cas).

D’autres évoquent le risque d’une influence sur la façon de scorer des juges, par exemple si le public réagit mal à la façon dont l’un d’eux a noté un round en le sifflant très fort et que cette situation change sa façon de voir les choses pour la suite. La commission athlétique de l’Etat du Kansas (Etats-Unis) avait ainsi proposé lors de débats sur la question la possibilité de voir les cartes des trois juges après chaque round mais sans les nommer pour éviter le harcèlement ciblé. Cette première à Prague ne sera pas un simple coup d’essai pour Oktagon MMA, qui a confirmé au site MMA Fighting sa volonté de continuer à utiliser cet "open scoring" – que seule l’organisation 100% féminine Invicta FC emploie régulièrement aux Etats-Unis parmi les organisations majeures – sur tous ses prochains événements. Une révolution que beaucoup de fans de MMA découvriront avec intérêt ce vendredi.

Article original publié sur RMC Sport