Maroc : le silence gênant de Mohammed VI

Dix-neuf heures, c’est le temps qu’il aura fallu à Mohammed VI pour réagir après la pire catastrophe qui a frappé son pays, note Ignacio Cembrero dans les colonnes d’El Confidencial.

Depuis la France, où il séjournait, le monarque marocain s’est exprimé le 9 septembre au soir, à travers une déclaration officielle dans laquelle il décrétait trois jours de deuil et ordonnait le déploiement d’un programme d’urgence pour venir en aide aux victimes.

Un problème de gouvernance

Mais jusqu’à la publication, détaille l’hebdomadaire espagnol, le royal silence a contraint toutes les autres autorités marocaines à adopter la même attitude. Ni le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, pourtant originaire de la région touchée, ni le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, ne se sont exprimés ni ne se sont rendus dans les endroits les plus durement touchés par le tremblement de terre. À l’échelon local, même absence de réaction et attentisme des autorités.

Le seul membre de la famille royale à avoir dérogé à cette réserve du roi a été le prince Moulay Hicham, son cousin germain. Le “Prince rouge”, son surnom en raison de ses positions réformatrices sur la monarchie, a exprimé sa solidarité avec le peuple marocain depuis sa résidence de Boston.

L’autre exception notable que relève El Confidencial est celle des Forces armées royales (FAR), qui, sur leur compte X (ex-Twitter), ont indiqué sobrement aux Marocains : “Votre sécurité et votre protection sont notre priorité absolue.”

Cette communication illustre, selon l’analyse critique que fait le média espagnol, “le problème de gouvernance dont souffre le Maroc”. Alors que le roi concentre la quasi-totalité du pouvoir exécutif, selon la Constitution, ses absences répétées du pays peuvent peser sur le fonctionnement même des rouages étatiques.

De très longues absences

Le Financial Times relevait déjà mi-août que les voyages du monarque à l’étranger “avaient suscité des inquiétudes et bloqué la prise de décisions” dans son pays.

Son titre, constate le quotidien financier britannique, n’est en effet pas que protocolaire, puisque la Constitution lui confère “un pouvoir quasi absolu”, qui fait de lui “le décideur ultime dans les affaires économiques et politiques” du pays.

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