« Marchands de douleurs », « La Chute de la maison Usher » : la crise des opioïdes inspire des films et séries

STREAMING - Une pilule, un million de morts et presque autant d’histoires à raconter. Les films et séries sur la crise des opioïdes se multiplient depuis quelques années, de Painkiller à La Chute de la maison Usher, jusqu’au nouveau film Marchands de douleurs sorti vendredi 27 octobre sur Netflix.

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Et si le sujet rencontre un tel succès sur les écrans, c’est parce qu’il dévaste tout un pays, depuis plus de 20 ans, comme l’explique notre vidéo ci-dessus. Aux États-Unis, cette épidémie de drogue a déjà tué plus d’un million de personnes depuis 1999. En moyenne, 136 Américains meurent chaque jour d’une overdose d’opioïdes.

Et ce chiffre s’aggrave d’année en année. Rien qu’entre 2020 et 2021, les décès liés aux opioïdes ont augmenté de plus de 15 %, selon le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies.

Pour tout comprendre à cette crise sanitaire, il faut remonter aux origines du problème : la commercialisation de l’OxyContin en 1995. Selon le laboratoire Purdue Pharma, ce puissant antidouleur à base d’oxycodone était censé être révolutionnaire car peu addictif. Prescrit à grande échelle, il a pourtant rendu des millions d’Américains addicts aux opioïdes sur ordonnance, puis à l’héroïne, et désormais aux opioïdes synthétiques comme le fentanyl.

La famille Sackler, des méchants pas qu’à l’écran

Comment un médicament recommandé par les médecins est-il devenu la drogue la plus meurtrière des États-Unis ? C’est le sujet des séries Painkiller, sortie en août 2023 sur Netflix, et Dopesick, diffusée en 2021 sur Disney+. Elles reviennent sur les pratiques mensongères de l’industrie pharmaceutique et en particulier celles des Sackler, une famille de mécènes qui s’est enrichie grâce à l’OxyContin.

Le documentaire Toute la beauté et le sang versé, sorti au cinéma en mars dernier, raconte le combat de la photographe Nan Goldin contre la richissime famille. La réalisatrice Laura Poitras a filmé ses actions coup de poing devant les plus grands musées du monde, du Met au Louvre, pour les inciter à ne plus accepter l’argent des Sackler, très influents dans le monde de l’art.

Poursuivis en justice pour avoir menti sur le risque de dépendance de l’OxyContin, les Sackler avaient conclu un accord avec la justice, déclarant Purdue Pharma en faillite et acceptant de verser jusqu’à 6 milliards de dollars. La famille évitait ainsi tout procès et garantissait une immunité à ses membres. La Cour suprême a récemment suspendu cet accord et les Sackler, et leurs victimes, doivent être entendus en décembre prochain.

Sans les citer, la nouvelle série d’horreur de Netflix, La Chute de la Maison Usher, s’inspire de leur chute suite au scandale sanitaire.

Marchands de douleur, Euphoria : les deux faces de la crise

Pour réussir à vendre autant d’opioïdes en pharmacie, les laboratoires comme Purdue Pharma avaient besoin de médecins pour les prescrire. Painkiller met en scène les jeunes représentantes pharmaceutiques embauchées pour leur physique avantageux et chargées de promouvoir l’OxyContin auprès de docteurs véreux.

C’est aussi le sujet du film Marchands de douleur sur Netflix. Emily Blunt et Chris Evans y jouent des commerciaux pharmaceutiques charismatiques qui payent des docteurs pour les pousser à prescrire du fentanyl à leurs patients. Un business qui rapporte gros, à condition de fermer les yeux sur le danger de ce médicament.

De plus en plus de films et séries montrent aussi les lourdes conséquences de l’addiction, sans diaboliser les toxicomanes ou rejeter la responsabilité sur eux. Dopesick s’intéresse par exemple aussi bien aux Sackler qu’à leurs victimes dans une petite ville minière de Virginie du Sud.

Dans Euphoria, Zendaya joue une adolescente toxicomane, tombée progressivement dans la drogue : du valium à 11 ans pour calmer son anxiété, puis de l’OxyContin à 13 ans, jusqu’aux dérivés synthétiques produits illégalement, comme le fentanyl et l’héroïne. Le sujet est par ailleurs régulièrement évoqué dans des épisodes de séries comme Dr House, New Amsterdam ou Grey’s Anatomy. Loin d’être dramatisées pour les écrans, ces représentations contribuent à rappeler que l’addiction aux opioïdes peut toucher n’importe qui… et détruit toujours des vies.

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