“Maintenant, il y a des risques partout”: le président de l’UNFP dénonce la montée des violences dans le football français

“Maintenant, il y a des risques partout”: le président de l’UNFP dénonce la montée des violences dans le football français

RMC SPORT: Philippe Piat, comment ce genre d’incidents, concernant des supporters, sont-ils vécus par les joueurs?

Comme ce sont des événements qui se reproduisent souvent, il y a une habitude qui se répand. Le problème est compliqué. Ça, ce sont les épiphénomènes ou en tout cas les problèmes les plus graves, mais il y a une tendance maintenant avec les supporters, c’est inacceptable. Dans le temps, c’était en Corse qu’il y avait des problèmes, maintenant il y a moins de problèmes en Corse mais il y a des problèmes partout. Il faut faire quelque chose parce que si ça dure comme ça, ça ne va pas aller.

Les joueurs se posent-ils des questions pour leur sécurité aujourd’hui, qu’ils ne se posaient pas avant?

Oui, absolument. Avant, ça arrivait à des endroits qui étaient chauds, donc on savait en allant jouer qu’il y avait des risques. Mais maintenant, les risques sont partout. Parfois il y a des derbys qui peuvent cultiver des rancœurs, des animosités… Mais maintenant c’est quasiment partout, même dans des lieux ou avant il n’y avait pas de problèmes.

À quelles mesures appelez-vous pour lutter contre cela?

Les mesures que l’on souhaiterait mettre en œuvre, ce n’est pas seulement pour les échauffourées pour les joueurs quand ils arrivent au stade. C’est aussi dans la manière qu’ont les supporters de s’immiscer dans la gestion des clubs. Maintenant, moi je ne voudrais pas être président d’un club, parce que ce sont les supporters qui disent: "il faut acheter lui, il faut vendre l’autre, il faut virer l’entraîneur, il faut faire ci, il faut faire ça"... Personnellement je dis que ce n’est plus acceptable ce genre de choses.

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La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra n’exclut pas l’interdiction de tous les déplacements de supporters…

Il vaut mieux attaquer les racines que les résultats. On ne va pas jouer tous les matchs à huis clos. Il faut attaquer les problèmes à la source, sanctionner les supporters qui exagèrent, qui dépassent les bornes, et les punir de manière sensible. D’ailleurs cette question-là ressort un peu de ce qui se passe en France actuellement. Il y a des échauffourées un peu partout, il y a des attentats un peu partout, des rixes un peu partout. On a besoin d’être apaisés et dans le foot, ça s’aggrave de jour en jour.

Ce mercredi, OM-OL va se jouer dans les mêmes dispositions que lors du premier match reporté (la rencontre avait été annulée le 29 octobre, après le caillassage du bus lyonnais). Comment percevez-vous les conditions dans lesquelles ce match va se dérouler?

Pour moi il n’y a pas de problème particulier. Le match n’a pas pu se jouer, il se rejouera. Compte tenu de l’antécédent, on devrait pouvoir faire en sorte que ça ne se renouvelle pas sur le plan de la sécurité. Aujourd’hui, le problème c’est qu’il faudrait donner des matchs perdus quand il y a des incidents, il faudrait interdire aux supporters de venir dans les derbys… La question est posée, c’est trouver une solution radicale. Ce n’est pas facile mais c’est là qu'il faut rechercher.

Les joueurs de Lyon peuvent-ils être inquiets de refaire le déplacement dans les mêmes conditions?

De toute façon, c’est sûr qu’ils vont être inquiets et ça peut jouer sur le déroulement du match. C’est ça qui est inquiétant et qu’il faut maintenant éradiquer. C’est de pire en pire.

Aurait-on pu imaginer rejouer ce match sur terrain neutre, ou sans les supporters?

Oui on aurait pu sur terrain neutre effectivement. Mais bon… Ça veut dire qu’on capitule à chaque fois sur ce genre de choses. Et ça va s’arrêter où? C’est ça la question.

Article original publié sur RMC Sport