Météo en France : pourquoi la chaleur tarde à Paris et dans le nord-ouest ?

Depuis le début de l’année, Paris n’a connu aucune journée au-dessus de 25 degrés (Photo d’illustration : à Paris le 12 avril).
Depuis le début de l’année, Paris n’a connu aucune journée au-dessus de 25 degrés (Photo d’illustration : à Paris le 12 avril).

MÉTÉO - C’est la fin du mois de mai, et pourtant Paris n’a pas encore connu sa première journée chaude. Depuis le mois de janvier, le thermomètre n’a en effet jamais dépassé les 25 °C dans la capitale. Du jamais vu depuis 14 ans.

« À un mois du solstice d’été et du début de baisse de la durée du jour, la capitale n’a toujours pas observé de jour de chaleur (...) Il s’agit d’ores et déjà de la première occurrence la plus tardive depuis au moins 14 ans (en 2009 c’était le 24 mai) », précise à cet égard Gaétan Heymes, prévisionniste chez Météo-France, sur son compte Twitter. Et il est probable que le seuil des 25 degrés ne soit pas atteint à Paris avant le 28 mai - ce serait alors la journée de chaleur la plus tardive depuis plus de 40 ans.

Comment se fait-il que le printemps soit aussi maussade et froid cette année malgré le réchauffement climatique ? Matthieu Sorel, climatologue à Météo-France, répond aux questions du HuffPost.

Le HuffPost : quelles sont les régions concernées par une arrivée tardive des températures estivales ?

Matthieu Sorel : L’ensemble des régions au Nord de la Loire : la Bretagne, les Pays de la Loire, l’Île-de-France, la Picardie, le Nord et le Pas-de-Calais n’ont pas encore connu les 25 degrés. C’est un phénomène assez marquant car d’habitude, à Paris, ce seuil est atteint en moyenne autour du 6 mai. Nous sommes donc sur une date très tardive de l’arrivée des premières chaleurs, même si nous avons encore du temps avant d’atteindre des records : la date la moins précoce est le 26 juin 1972.

À quels phénomènes météorologiques peut-on associer ces chaleurs tardives ?

C’est lié notamment aux gouttes froides récurrentes qu’on a connues en mai sur le pays. Ce phénomène est provoqué par une poche d’air très froide en altitude qui rencontre des flux plus chauds. Ce choc entraîne une instabilité, des précipitations, et une baisse des températures dans l’Hexagone. Le franchissement tardif des 25 degrés est aussi lié à l’ensoleillement qui a été déficitaire sur la plupart des régions du quart nord-ouest.

Pourquoi cette période froide n’est-elle pas « anormale », même si le climat se réchauffe ?

Effectivement, ce n’est pas du tout absurde d’avoir des périodes plus froides que la normale dans un contexte de changement climatique. La variabilité météorologique existe toujours, ce qui fait que nous continuons d’avoir une alternance de périodes froides, puis chaudes. Ce qui change en revanche, avec le changement climatique, c’est qu’on a tendance à avoir moins de périodes froides qu’auparavant et des périodes froides qui sont moins froides.

D’ailleurs, le mois de mai est-il vraiment froid ?

Le reste de la France a déjà connu ses premiers 25 degrés, les 30 degrés ont même été dépassés dans le sud-est du pays dès la fin mars. A priori, le mois de mai devrait se terminer à +0,8 degré au-dessus des normales de saison à l’échelle de la France. On garde en mémoire seulement le temps gris et pluvieux pendant une dizaine de jours en mai, et on oublie que le début du mois a été très chaud. D’autant plus qu’un pic de chaleur est attendu pour le week-end de la Pentecôte, et les 30 degrés seront atteints dans de nombreuses régions.

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