Sur loi immigration, Élisabeth Borne met la pression sur Gérald Darmanin avant la présentation du texte

Borne déplace la pression sur Darmanin sur la loi immigration, un débat périlleux pour le gouvernement (photo prise le 30 juin)
STEPHANE LEMOUTON / AFP

POLITIQUE - Suivez son regard. Élisabeth Borne s’exprime dans les colonnes du Parisien ce dimanche 17 septembre sur les priorités de l’exécutif pour cet automne. Parmi elles : le traditionnel budget, qui passera sans doute à l’aide du 49.3 à l’Assemblée nationale, et la fameuse loi sur l’immigration, annoncée à l’été 2022 et maintes fois repoussée depuis.

Présenté comme le plus important depuis la réforme des retraites, ce texte revêt un caractère particulier pour le gouvernement et Emmanuel Macron. Problème, le chef de l’État et la Première ministre sont pris en étau pour cette rentrée : d’un côté par l’aile gauche de la majorité qui n’hésite plus à sortir du bois pour défendre le volet « social » du projet. De l’autre par la droite et son extrême, toujours plus offensifs pour restreindre les arrivées, qui ont fait de l’article sur la régularisation des sans-papiers dans les métiers en tension une ligne rouge.

Dans ce contexte un brin piégeux, la cheffe du gouvernement n’a manifestement pas envie d’être en première ligne. Dans l’article du Parisien, Élisabeth Borne réaffirme son ambition d’aboutir à un texte « équilibré », proche de celui présenté en février dernier, mais laisse surtout entendre que le dossier est sur la table de l’ambitieux ministre de l’Intérieur. Charge à lui de se dépatouiller avec.

La pierre dans le jardin de Beauvau

Sur les huit questions qui lui sont posées sur l’immigration dans cet entretien, Élisabeth Borne cite Gérald Darmanin à quatre reprises. Habile pour évacuer les questions désagréables. Comme pour mettre la lumière sur le locataire de Beauvau dans un dossier à l’issue aussi incertaine que périlleuse. Que souhaitez-vous faire sur l’immigration ? « Nous avons confié la mission à Gérald Darmanin de trouver un accord pour qu’il soit adopté au Sénat et à l’Assemblée nationale, et je lui fais confiance pour en trouver un », répond la Première ministre.

Où en sont ces consultations, bien discrètes jusqu’à présent ? « Gérald Darmanin discute avec les parlementaires et je n’ai pas de doute sur le fait que ça avance. » Les aspirations différentes de l’aile gauche et de l’aile droite du camp Macron ? « La mission qu’on a confiée à Gérald Darmanin, c’est de trouver un accord. Et je souhaite le laisser mener ces consultations sereinement. »

Quant à la question de savoir si le gouvernement passera par le redouté article 49.3 (qui permet l’adoption d’un texte sans le vote de l’Assemblée), Élisabeth Borne n’hésite pas non plus à renvoyer la balle dans le jardin de Beauvau. Ceci, alors que Les Républicains ont déjà menacé le gouvernement d’une motion de censure en cas de « passage en force » sur un texte « laxiste », un projet qui comporterait un volet régularisation.

« Gérald Darmanin a pour mission de trouver un accord, c’est la voie qu’on cherche aujourd’hui, martèle ainsi la Première ministre, et je ne vois pas pourquoi ça ne serait pas possible sur ce texte alors que nous l’avons déjà fait sur de nombreux textes. » Le signe de la confiance que l’exécutif accorde au ministre de l’Intérieur ? Ou d’une mise à l’épreuve de celui qui se voyait bien à Matignon il y a encore quelques semaines ? La réponse dépend, aussi, de l’issue de ce projet.

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