L’ADN du rhinocéros laineux reconstitué grâce à des déjections (mais pas les siennes)

De l’ADN de rhinocéros laineux à pu être reconstruit à partir d’excréments fossilisés de hyènes des cavernes.
The Royal Society De l’ADN de rhinocéros laineux à pu être reconstruit à partir d’excréments fossilisés de hyènes des cavernes.

PRÉHISTOIRE - Les excréments sont une mine d’or d’informations. Cette phrase qui pourrait démarrer un film Jurrassic Park d’un nouveau genre fonctionne parfaitement si l’on se penche sur cette étude publiée le 1er novembre dernier dans la revue The Royal Society. On y apprend que des chercheurs ont pu reconstruire le génome mitochondrial, (ndlr : une partie essentielle des cellules) d’un rhinocéros laineux ou Coelodonta antiquitatis d’une manière originale.

Pour ce faire, les chercheurs ne sont pas allés fouiner sur un cadavre ou fossile de cette espèce. Ils sont plutôt allés retirer cet ADN d’excréments fossilisés de hyènes des cavernes ou Crocuta crocuta spelea, une espèce carnivore disparue qui se nourrissait de rhinocéros laineux.

Une première en Europe

Dirigée par le biologiste moléculaire Peter Andreas Seeber de l’Université de Constance en Allemagne, une équipe de chercheurs a étudié deux crottes fossilisées de hyènes du Paléolithique Moyen (il y a entre 300 000 et 30 000 ans avant notre ère), dans une région qui est aujourd’hui l’Allemagne.

Au moyen d’outils spécialisés et d’un séquenceur d’ADN, ils sont parvenus à récupérer celui du rhinocéros laineux, dans un état dégradé. Pour le restaurer intégralement, les chercheurs l’ont alors comparé à d’autres génomes, modernes et anciens. Bien qu’il provienne d’un seul animal, cet échantillon d’ADN nous en apprend plus sur la diversification de cette espèce.

En effet, il s’agit du premier génome découvert de cette espèce sur le vieux continent, puisque toutes les autres données disponibles provenaient d’animaux sibériens. Cette trouvaille démontre que le rhinocéros laineux européen et son cousin sibérien ont commencé à se diversifier il y a environ 450 000 ans. Un peu à la manière du tigre de Sibérie, de Sumatra etc. Les chercheurs se gardent toutefois de surinterpréter ces données, réunis au moyen d’un seul échantillon.

Les excréments fossilisés, des mines d’or délaissées

Cette découverte est particulièrement intéressante relève au Parisien salue Antigone Uzunidis, paléontologue à l’université d’Aix-Marseille : « C’est une prouesse technique de faire la différence entre les différents types d’ADN. Réussir à les séparer, c’est une avancée très intéressante ». Pour fonctionner, le fait de choisir des excréments de hyène a aidé car il s’agit d’un animal dont le système digestif permet de mieux préserver l’ADN ancien.

À l’instar de ces échantillons, « de nombreux objets archéologiques récupérés lors de fouilles passées et existant dans des collections constituent à ce jour une source d’ADN ancien largement négligée » note l’étude. Grâce aux matières fécales conservées, il est possible de déterminer l’alimentation de chaque espèce, les parasites qui les ont infectés et même étudier l’évolution dans le microbiome de certaines espèces.

Par ailleurs, cette source de donnée n’est pas difficile d’accès : « le fait que ceux-ci aient été récupérés avec une relative facilité à partir d’un coprolithe [ndlr : un excrément fossilisé] d’une autre espèce souligne l’intérêt d’obtenir des données génomiques à partir d’un large éventail de matériaux », ajoutent les chercheurs. L’an dernier, une étude est même parue sur le sujet, expliquant en quoi les coprolithes présents dans les collections des musées constituent une ressource négligée et sous-utilisée dans l’étude de l’histoire biologique de notre planète.

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