La justice autorise Houellebecq à visionner le film "porno" dans lequel il a joué avant sa diffusion

Prévue le 26 mai, la diffusion du film Kirac 27, utilisant des images de l'écrivain français de renommée mondiale tournées l'année dernière, doit selon le tribunal être reportée.

Un tribunal néerlandais a jugé mardi en appel que le romancier français Michel Houellebecq devait être autorisé à visionner un film qualifié de "porno" dans lequel il joue avant sa diffusion, mais l'écrivain n'est pas parvenu à obtenir l'interdiction de sa distribution.

Prévue le 26 mai, la diffusion du film Kirac 27 du réalisateur néerlandais Stefan Ruitenbeek, utilisant des images de l'écrivain français de renommée mondiale tournées l'année dernière, doit selon le tribunal être reportée.

La cour d'Amsterdam a estimé en appel justifiées les craintes de l'écrivain que le cinéaste néerlandais ne respecte pas une partie de l'accord définissant "un jeu entre réel et fiction", selon lequel le film doit créer l'illusion de scènes érotiques avec un sosie.

Jeu entre le réel et fiction

La cour a pointé le fait que Stefan Ruitenbeek a déclaré dans une interview accordée au site d'information Vice en février que l'écrivain français était "vraiment bon au lit".

Le cinéaste néerlandais a déclaré aux juges qu'il avait "joué entre le réel et fiction dans l'interview (...) en exagérant la performance" de l'écrivain au lit pour générer un intérêt supplémentaire, selon le jugement.

Mais du coup "il présente notamment comme un fait" que l'écrivain "a effectivement participé aux scènes de sexe", estime la cour.

Elle a de ce fait enjoint au collectif Kirac de partager le film avec l'écrivain "quatre semaines avant sa diffusion prévue". Si Michel Houellebecq émet des objections et que le cinéaste refuse d'ajuster le film, il pourra à nouveau saisir le tribunal.

Le collectif auquel appartient Stefan Ruitenbeek, devra payer une amende de 25.000 euros s'il ne respecte pas ce jugement.

Abus de circonstances

La bande annonce, dans laquelle l'écrivain apparaissait torse nu embrassant une jeune femme dans un lit, a déjà été retirée, indique le jugement.

"Il n'y a pas encore suffisamment de raisons de supposer que l'accord a été conclu par abus de circonstances", a jugé la cour alors que l'écrivain a affirmé qu'il n'avait signé le contrat que parce qu'il était déprimé et avait bu.

Selon les dispositions de l'accord, Stefan Ruitenbeek peut utiliser "tout le matériel" produit ou obtenu entre novembre et décembre 2022, a-t-elle reconnu.

Mais les juges ont concédé que "cela va très loin, en particulier pour les images sensationnelles qui peuvent nuire à la réputation" de Michel Houellebecq.

Un tribunal néerlandais avait rejeté fin mars les requêtes de M. Houellebecq. L'écrivain avait perdu en février une action en justice similaire devant un tribunal français.

Article original publié sur BFMTV.com

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