Israël : ce que signifie la coalition internationale contre le Hamas évoquée par Emmanuel Macron

Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse à Jerusalem ce mardi 24 octobre.
CHRISTOPHE ENA / AFP Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse à Jerusalem ce mardi 24 octobre.

POLITIQUE - L’annonce, qui n’avait pas filtré avant son arrivée en Israël, a eu son petit effet. Ce mardi 24 octobre, depuis Jérusalem, Emmanuel Macron a affirmé que la France était « prête à ce que la coalition internationale contre Daech (...) puisse lutter aussi contre le Hamas ». Une déclaration réitérée le soir même devant Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, qui implique une forme d’engagement de Paris dans le conflit israélo-palestinien, lequel apparaît plus que jamais inextricable.

« Je propose à nos partenaires internationaux que nous puissions bâtir une coalition régionale et internationale pour lutter contre les groupes terroristes qui nous menacent tous », a insisté le chef de l’État, lors d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. Ce qui a fait bondir en France, notamment du côté de la France insoumise. « Attention les mots ont un sens précis en diplomatie. La ’’guerre au terrorisme’’ par le retour de la coalition contre Daech, cela veut dire que la France participe à la guerre contre Hamas. Où ? Quand ? À Gaza ? Maintenant ? Alors où est le cessez-le-feu ? », a réagi sur le réseau social X, anciennement Twitter, Jean-Luc Mélenchon, dans la lignée de ses précédentes déclarations sur le conflit.

« Ce point du discours de Macron est extrêmement questionnant. Le retour à la théorie de la “guerre au terrorisme” de G. W. Bush et des néoconservateurs, c’est tout un monde que la diplomatie française récusait », a-t-il insisté dans une seconde publication. Coordinateur national de la France insoumise, Manuel Bompard a livré (sans surprise) une analyse similaire : « Aujourd’hui, Macron propose que la France entre en guerre contre le Hamas. »

Vers un engagement militaire ?

Alors, faut-il s’attendre à voir des avions français mener des frappes aériennes, comme c’était le cas en Syrie lors de la coalition anti-Daech ? Après la déclaration du chef de l’État, l’Élysée a temporisé. « Il s’agit de s’inspirer de l’expérience de la coalition internationale contre Daech et voir quels aspects sont réplicables contre le Hamas. Nous sommes donc disponibles pour réfléchir, avec nos partenaires et Israël, aux pistes d’actions pertinentes contre le Hamas », a relativisé l’entourage d’Emmanuel Macron, quand ce dernier proposait que la coalition « puisse lutter aussi » contre l’organisation islamiste à l’origine de l’attaque du 7 octobre sur Israël.

« La coalition internationale contre Daech ne se limite pas à des opérations sur le terrain, mais implique aussi des formations des forces irakiennes, le partage d’information entre partenaires, la lutte contre le financement du terrorisme », démine encore l’équipe du président de la République. Ce qui sonne comme une réponse directe adressée à ceux qui ont interprété la déclaration du chef de l’État comme la promesse un engagement militaire dans cette région explosive. Une façon de pondérer l’effet de l’annonce du chef de l’État, d’autant qu’il resterait à convaincre les autres membres de la coalition anti-Daech pour voir l’organisation muter comme semblait l’esquisser Emmanuel Macron.

Ce qui, à en croire Héloïse Fayet, chercheuse à l’Institut français des relations internationales (Ifri) est loin d’être évident. « Je crains que la déclaration de ce midi d’étendre cette mission pour lutter contre le Hamas ne soit très mal reçue. Tout le monde n’est pas d’accord sur l’amalgame Hamas-Daech », souligne au HuffPost cette spécialiste du Moyen-Orient, jugeant que cette proposition pourrait finalement être « contre productive » dans l’objectif poursuivi. Et d’ajouter : « L’Élysée a fait du damage control ensuite, mais la reformulation n’est pas non plus crédible. »

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