Interdiction de l'abaya: le proviseur menacé de mort n'avait jamais subi de propos "aussi violents"

Ce jeudi, le proviseur du lycée Ambroise-Brugière à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) a été victime de menaces de mort proférées par le père d'une élève. Cette élève s'était vue refuser l'entrée de l'établissement en raison du port de l'abaya et de son refus de la retirer. Le chef d'établissement est revenu sur les événements dans les colonnes du quotidien La Montagne.

"Cette élève de 1re, qui était déjà dans l'établissement l'an dernier, s'est présentée avec des tenues qui ont évolué toute la semaine. D'abord une grande robe, ensuite un kimono, ensuite une chemise noire sur une jupe noire, avec un pull noir. Des tenues 100 % noires et le corps couvert de A à Z", détaille-t-il.

Si la jeune fille contestait porter une abaya, le personnel du lycée en a jugé ainsi. En cette rentrée, après décision du ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal, le port de l'abaya est interdit en milieu scolaire.

"Sans doute sous un gros coup d'énervement"

Lundi, l'élève aurait discuté avec un conseiller principal d'éducation (CPE) pendant que le proviseur, et son adjoint, s'entretenait avec son père. Un entretien "tendu mais cordial" a-t-il souligné. Deux jours plus tard, une enseignante lui a refusé l'entrée en cours pour le même motif. Elle serait repartie chez elle changer de vêtements avant de revenir au lycée. Jeudi matin, la situation s'est répétée, "à la grille, je lui ai de nouveau dit que sa tenue n'était pas autorisée", affirme le chef d'établissement.

"Elle est repartie et c'est là que son père, sans doute sous un gros coup d'énervement, a appelé pour proférer des menaces".

Selon une source judiciaire à BFMTV, il s'agit notamment de menaces d'égorgement.

Le lycée a alors suivi la procédure de crise prévue à cet effet. Le proviseur, qui recevait pour "la première fois" "des menaces aussi violentes", a appelé le rectorat et est allé porter plainte.

"L'après-midi, j'ai reçu un coup de téléphone du ministre pour m'assurer de son soutien et j'ai continué de travailler tout à fait normalement", ajoute-t-il en déclarant qu'il aimerait que le "déferlement médiatique" cesse.

Retour à la normale au lycée Ambroise-Brugière

Le père, placé en garde à vue ce jeudi soir, a été relâché, puis placé sous contrôle judiciaire en attendant sa comparution devant la justice en octobre. Il risque jusqu'à 5 ans de prison.

Au lycée Ambroise-Brugière, la scolarité suit son cours. La matinée de ce vendredi a été "très apaisée" selon le proviseur, qui se dit entouré "du conseiller sécurité du recteur, d'un agent de l'équipe mobile de sécurité du rectorat et d'un agent de l'équipe d'accueil renforcé de la Région".

Ensemble, ils se sont adressés aux enseignants "en salle des professeurs avant le début des cours". Des enseignants "surpris" par la situation et qui se sont montrés "solidaires".

"C'est très important pour moi, cette solidarité collective", confie-t-il.

Ils ont ensuite discuté avec les camarades de classe de la jeune fille en question, absente. Un courrier a également été envoyé aux parents d'élèves, pour "éviter les non-dits et les rumeurs" et leur indiquer que "le climat est serein et apaisé".

Article original publié sur BFMTV.com