Insultes racistes contre Vinicius: comment ont été gérées les 9 autres plaintes pour racisme visant le Brésilien

Insultes racistes contre Vinicius: comment ont été gérées les 9 autres plaintes pour racisme visant le Brésilien

L'épisode de racisme dont a été victime Vinicius ce dimanche face à Valence n'est malheureusement pas le premier. Ni le deuxième, ni le troisième. Il s'agit même officiellement du dixième, en témoigne le décompte fait par la Liga qui, avant ce week-end avait déjà déposé neuf plaintes pour des faits de racisme visant l'attaquant du Real Madrid.

Trois plaintes archivées

Parmi ces neufs plaintes, trois ont été classées sans suite par les justices locales, chargées de ces "crimes de haine". Un manque de réactivité qui agace la Liga, souvent accusée par Vinicius et le Real Madrid de ne pas agir suffisamment pour lutter contre le racisme. L'instance dirigeante du football espagnol rappelle avoir fait ce qui était en son pouvoir, à savoir signaler les différents cas aux autorités compétentes.

Dans un article paru ce lundi, le journal madrilène Marca recense les neuf plaintes déposées et les sanctions ayant été requises (ou pas) par la justice ordinaire après ces signalements. La première remonte au 24 octobre 2021 lors du Clasico contre le FC Barcelone au Camp Nou, où des chants "Vinicius tu es un singe" étaient descendus des tribunes du Gol Nord, où sont placés les plus fervents supporters. Une plainte classée sans suite car la police n'a pas été "en mesure d'identifier les auteurs".

Celle du 14 mars 2022, en lien avec le match Majorque-Real Madrid pour les mêmes chants et mimes de singe, a aussi été classée car si les sons sont "typiques d'attitudes immondes et méprisables" ils ne semblent pas "être condamnables pénalement comme demandé".

Une plainte archivée qui passe très mal

Mais parmi les trois plaintes classées sans suite, celle qui fait le plus parler reste celle du 18 septembre 2022, en lien avec le derby madrilène face à l'Atlético. Devant le Civitas Metropolitano, un groupe "d'environ 500 personnes qui n'ont pas pu être identifiées" s'était rassemblé devant la zone d'arrivée du bus du Real Madrid, chantant à nouveau: "Tu es un singe, Vinicius tu es un singe!"

Des évènements condamnés tant par les deux équipes que par la Commission anti-violence et qui s'est retrouvée entre les mains du parquet de Madrid. Une affaire finalement classée sans suite elle aussi. Bien que le tribunal ait qualifié ces insultes de "désagréables" et "irrespectueuses", il a estimé qu'elles étaient proférées dans un contexte de "rivalité maximale" et qu'elles n'avaient "durée que quelques secondes". En outre, il a été jugé que ces insultes "ne constitueraient pas un crime contre la dignité de la personne concernée".

Des sanctions proposées, d'autres toujours en études

Deux plaintes pour des épisodes de racisme vécus par Vinicius à Valladolid (30 décembre 2022) et à Majorque (5 février 2022) sont eux en cours de traitement par la justice espagnole, puisque les supporters coupables ont été identifiés et que la Commission nationale de lutte contre la violence a déjà proposé des sanctions de 4.000 euros d'amende assortis de douze mois d'interdiction de stade. Les deux procédures pénales sont toujours en cours, et Vinicius a également témoigné dans le cas du procès pour le match à Majorque.

Les deux clubs eux se sont chargés de sanctionner commercialement leurs supporters, c'est-à-dire les priver d'accès au stade via la billetterie. Le Real Valladolid, pour sa part, a retiré l'abonnement pour trois saisons et demie aux 11 supporters identifiés par la police, en appliquant son règlement intérieur. Le RCD Majorque a lui annoncé le retrait de l'abonnement pour une période de 3 ans à l'auteur identifié des chants racistes proférés contre Vinicius et Samu Chukwueze, attaquant nigérian de Villarreal. Un autre identifié via TikTok un mois plus tard a lui vu son abonnement être supprimé pour six mois.

Trois plaintes toujours en cours d'analyse, 4 personnes arrêtées à Madrid ce mardi

Suite à la banderole anti-Real et à la poupée à l'effigie de Vinicius pendue à un pont près du centre d'entrainement du Real Madrid le 26 janvier dernier avant le derby lors de la Coupe du roi, la plainte de la Liga a été admise par le tribunal d'instruction numéro 28 de Madrid. Les autorités policières ont procédé à l'arrestation de 4 individus ce mardi matin, dont trois seraient membres du Frente Atlético, groupe ultra de l'Atlético de Madrid.

Trois autres plaintes sont toujours en cours de résolution: celle faisant écho au match contre Osasuna le 18 février 2023, entre les mains du juge d'instruction de Pampelune, celle du match contre Séville le 5 mars 2023, aussi transmise au juge d'instruction de Séville, et celle du Clasico au Camp Nou le 19 mars, là aussi remise au juge d'instruction de Barcelone.

LaLiga veut plus de pouvoir pour lutter contre le racisme

Pour faire face à ce manque de réactivité, LaLiga demande ce mardi dans un communiqué d'avoir "plus de pouvoirs de sanction" afin d'être "plus agiles et efficaces dans la lutte contre la violence, le racisme, la xénophobie et l'intolérance dans le sport". La ligue professionnelle rappelle que sa compétence s'arrête aujourd'hui à la détection et au signalement des évènements et qu'elle ressent "une énorme frustration face à l'absence de sanctions et de condamnations de la part des instances disciplinaires sportives, des administrations publiques et des tribunaux se saisissant des plaintes".

LaLiga annonce qu'elle demandera "dans les prochains jours" une modification de la loi 19/2007 contre la violence, le racisme, la xénophobie et l'intolérance dans le sport ainsi que la loi 39/2022, toute récente. "L'objectif de cette proposition est de demander que LaLiga puisse exercer des pouvoirs disciplinaires sur les incidents de ce type qui se produisent lors de matchs de compétitions professionnelles, afin que les organes disciplinaires de LaLiga puissent les sanctionner, entre autres, par la fermeture totale ou partielle de l'enceinte sportive, l'interdiction d'accès à celle-ci pour les membres/abonnés et l'imposition de sanctions financières."

"Ces plaintes sont classées sans même parvenir aux tribunaux"

Le tout sans exclure des mesures supplémentaires par la justice ordinaire, aujourd'hui saisie dans chacun des dossiers. La ligue rappelle qu'elle envoie chaque semaine une lettre compilant les divers faits de discriminations au Comité des compétitions de la fédération et à la Commission nationale de lutte contre la violence. Ce à quoi s'ajoute des plaintes au bureau du procureur local chargé de la lutte contre la haine lorsque des insultes pouvent être qualifiées de "crimes de hainte".

Insuffisant pour les dirigeants du football professionnel qui constatent: "LaLiga observe depuis longtemps avec impuissance que ces plaintes sont classées sans même parvenir aux tribunaux, ou que les Parquets de la haine de chaque région ne disposent pas d'un critère uniforme pour qualifier ces actes."

Article original publié sur RMC Sport