Immigration: Olivier Véran appelle la gauche à "ne pas rester en dehors du coup"

Se distancier de la droite, tout en invitant la gauche à se saisir davantage du sujet. C'est l'exercice auquel s'est livré le porte-parole du gouvernement Olivier Véran ce vendredi sur Europe 1, au moment de défendre le projet de loi immigration que son camp espère présenter d'ici juillet.

Pour l'instant, la droite - partenaire le plus naturel sur ce texte - met en difficulté le gouvernement. Les Républicains (LR) sont sortis du bois dimanche dernier avec deux propositions de loi très dures, présentées dans Le JDD. L'une vise à étendre le champ des référendums, et à inscrire la possibilité de "déroger à la primauté des traités et du droit européen". L'autre regroupe plusieurs mesures, dont le rétablissement du délit de séjour clandestin, la restriction du droit du sol ou encore le retour de la double peine.

La gauche "a des choses à dire sur l'immigration"

Problème: le gouvernement et son tandem Olivier Dussopt - Gérald Darmanin veut marcher sur deux jambes. Autrement dit, défendre un texte équilibré, entre meilleure exécution des obligations de quitter le territoire et titres de séjours pour les travailleurs sans papiers dans des métiers en tension - une mesure dont LR ne veut pas entendre parler.

Le débat semble actuellement trop à droite aux yeux de l'exécutif. Les Républicains "ont le mérite de faire des propositions", mais "on n'est pas d'accord avec beaucoup" d'entre elles a expliqué Olivier Véran sur Europe 1. L'ex-ministre de la Santé tend une perche pour rééquilibrer la balance:

"J'aimerais passer un appel pour que la gauche ne soit pas en dehors de ce débat", explique-t-il sur les ondes de la radio. Tout en précisant, comme le veut cet adage bien connu du gouvernement, qu'il s'adresse à "la gauche de gouvernement", "pas à LFI (La France insoumise)".

"Elle a des choses à dire sur l'immigration et l'intégration dans notre pays, parce que l'électorat de gauche, dans notre pays, il attend aussi des propositions en la matière", a avancé l'Isérois.

"Par exemple qu'est-ce qu'on dit du fait que le taux de chômage des étrangers dans notre pays est de 13%? C'est-à-dire presque le double du taux de chômage national."

Des propositions "parfois très dures" de la droite

L'ancien socialiste espère que la gauche puisse "enrichir" le "débat de ses apports et ses propositions". "Elle ne peut pas rester en dehors du coup franchement", a-t-il insisté, avançant qu'"ailleurs en Europe, [elle] est capable de dire: 'oui, on saisit le défi qu'est l'immigration et l'intégration".

La droite est, pour l'instant, renvoyée dans les cordes. Ses propositions sont "parfois très dures", a souligné Olivier Véran, ajoutant:

"On ne va pas changer la Constitution à chaque fois qu'on doit faire une loi sur l'immigration. On ne va pas sortir des traités européens et internationaux sur ces questions migratoires."

Le bras de fer continue. Jusqu'ici, il est mal engagé pour le camp présidentiel, dont la majorité à l'Assemblée nationale n'est que relative. Après plusieurs reports successifs du texte, la situation ne semble pas avoir changé: l'exécutif est toujours coincé entre l'aile gauche de sa majorité et la ligne très dure de la droite.

Article original publié sur BFMTV.com