Henri Guaino : « La religion de l’État de droit est incompatible avec la démocratie »

Henri Guaino observe sans enthousiasme l’apparent virage sarkozyste du pouvoir.  - Credit:Eric Tschaen / Eric Tschaen/REA POUR « LE POINT »
Henri Guaino observe sans enthousiasme l’apparent virage sarkozyste du pouvoir. - Credit:Eric Tschaen / Eric Tschaen/REA POUR « LE POINT »

Haute taille, prénom chevaleresque et regard franc, Henri Guaino* promène le regret de ce que la France aurait pu être. Ce haut fonctionnaire perché sur les cimes du gaullisme rêve à des exploits de légende, des sursauts trop souvent ajournés par la veulerie de nos élites.
Un désenchantement qui, loin de l'accabler, décuple son ardeur. L'ancienne plume de Nicolas Sarkozy, député des Yvelines de 2012 à 2017, observe sans enthousiasme l'apparent virage sarkozyste du pouvoir. Et appelle les élites françaises et européennes à rompre d'urgence avec quarante années d'aveuglement. Entretien.

Le Point : Y a-t-il du Nicolas Sarkozy en Gabriel Attal ?

Henri Guaino : Comment pourrait-il y en avoir ? Pas la même génération, la même époque, la même origine sociale, le même parcours de vie, pas le même tempérament. Restent des mots et des attitudes. Peut-être parce que Nicolas Sarkozy était le seul homme politique de sa génération qui donnait le sentiment de croire encore au volontarisme politique, et qu'il apparaît comme le dernier de cette espèce quand plus personne ne semble y croire vraiment. Les nouvelles générations de responsables politiques, sentant bien qu'il faut au moins en maintenir l'illusion, en recyclent les mots et les attitudes. Mais en politique, les mots n'agissent pas s'ils ne sont pas portés par une force intérieure et, qui plus est, l'Histoire les use. Depuis 2007, elle les a beaucoup usés, ces mots éprouvés par les crises, rabâchés avec de moins en [...] Lire la suite