Hôtel, bus, vestiaire, hymnes… Cinq Bleus racontent leurs routines d'avant-match

À l’arrivée, la seule vérité sera celle du terrain. Mais tout commence bien avant. Alors que le XV de France joue ce dimanche soir face à l’Afrique du Sud (21h) sa rencontre la plus importante depuis le début du mandat de Fabien Galthié il y a quatre ans, cinq Bleus ont confié à RMC Sport leurs rituels d’avant-match.

Du départ de l’hôtel jusqu’à l’émotion des hymnes nationaux, en passant par le bus, les vestiaires et l’entrée sur la pelouse, Cyril Baille, Thomas Ramos, Grégory Alldritt, Thibaud Flament et Uini Atonio nous plongent dans leur intimité.

À l’hôtel: sieste, Red Bull et sac de princesse

Si on joue à 21h, j’aime bien dormir entre les repas de midi et le repas d’avant-match. Après, la préparation commence vraiment dans ma chambre. Je mets toutes mes affaires sur mon lit et puis je mets les trucs un par un dans mon sac. J’ai toujours une canette de Red-Bull, au cas où je suis fatigué. J’ai tout dans mon sac: il y a une brosse à dents, un peigne, mes crampons, un caleçon et mes couilles (rires). J'amène jamais du gel douche, parce qu'à chaque fois il y a quelqu'un qui en amène.

Je n'ai pas un grand sac, je ne suis pas très 'princesse'. Il y a des princesses dans l’équipe, mais moi non. Je suis brut, moi. Je m’en fous.

Dans le bus: Céline Dion, Candy Crush, musique samoane et deux litres d’eau

Quand je monte dans le bus, j’aime bien mettre de la musique. Moi, je ne suis pas le genre de mec à écouter tout le temps la même musique. J’aime changer. Je peux t’écouter du Jul, je peux t’écouter du Gold, c’est les montagnes russes. Je passe des chansons de maintenant à des chansons d’avant. J’aime bien écouter du jazz aussi… J’écoute toutes sortes de musiques.

A partir du moment où je monte dans le bus, je me mets un peu de musique. Il peut y avoir du rap comme de la chanson française, comme de la chanson 'gypsy' aussi, j’aime bien. Il y a un peu de tout… J’ai pas vraiment de style musical. En Équipe de France, j’aime bien être devant dans le bus parce que les chauffeurs conduisent mal donc je suis un peu malade… Non, je rigole, j’aime bien être devant, c’est une habitude. Et j’aime bien être devant aussi pour bien voir quand on arrive au stade. Je trouve que c’est assez sympa de voir l’arrivée au stade.

Dans le bus, j’écoute un peu de musique, je joue à des jeux, que ce soit Candy Crush ou un jeu de golf, juste pour m’occuper un peu l’esprit en fonction de la longueur du trajet. Mes playlists d’avant-matchs? Je crois que j’ai 130 chansons donc ça passe en lecture aléatoire. J’écoute pas mal de Nekfeu, un peu de rap comme ça. Ce n’est pas du gros rap mais j’aime bien écouter ça ou des trucs plus zen, plus doux. Du U2, du Lady Gaga… Je suis un grand fan de Lady Gaga. Le but de mettre de la musique, c’est pour ne pas entendre tout ce qu’il se passe autour, ne pas entendre toutes les saucisses de Uini Atonio. Donc oui, j'essaie de la mettre assez fort.

Par contre au départ de l'hôtel, je me mets en mode avion. Je coupe un peu avec les réseaux, les messages...

J’ai une playlist que j’aime bien écouter à chaque fois. J’ai une trentaine de musiques dedans. Ça dépend de comment je me sens, soit faire le vide, soit penser au match, à des actions du match, essayer d’imaginer ce qui peut se passer, ce qu’il va se passer... C'est de l'électro surtout. Ça peut être des choses très tranquilles, bonnes vibes, cool, comme si j’étais à la plage. Ou de la techno aussi. Il y a un peu de tout dedans. Dans le bus, en général je suis au milieu. On a un peu nos places, on est un peu tout le temps à peu près au même endroit.

Je bois beaucoup d’eau dans le bus. Deux litres. J'écoute de la musique, pas de la musique techno, j’aime bien la musique tranquille, presque de la musique pour dormir. Comme Céline Dion par exemple. Il y a des matchs où j’écoute que des musiques en samoan. Au stade, j’arrive avec mes écouteurs. Je n'aime pas être sérieux, à chaque fois je cherche un truc pour rigoler. Je ne vais pas péter avec ma tête sur les casiers (sic) ou quoi, mais je vais toujours être celui qui est tranquille, qui fait des blagues.

Le vestiaire: TOC, dernier texto et échauffement

Dès que j’arrive dans le vestiaire, je m’écoute une dernière musique mais après j’aime bien m’imprégner du vestiaire. J’enlève les écouteurs, je fais un tour de vestiaire pour écouter un petit peu l’ambiance, j’arrive à ma place et après j'ai "le martien" Toto Dupont qui arrive pour aller faire deux trois passes. Donc on part dehors, on se fait notre routine, on se fait une dizaine de passes. C’est des trucs qu’on fait tout le temps et je pense qu’au fond de nous, ça nous rassure un peu. Parce que je pense que les joueurs pros on est tous un peu 'toqués' on va dire… on a tous des TOC. Ça nous rassure. Après on rentre aux vestiaires et je me mets dans ma bulle, petit à petit.

En arrivant au stade, j’essaye souvent de me changer assez vite. Je me passe un peu le pistolet de massage pour réveiller un peu les jambes. Je me strappe, je me mets les cales et quand c’est fait, je commence à m’activer un peu plus dans la salle d’échauffement. Ensuite, ça sort et ça va hyper vite.

Au moment de l’arrivée, en général, j’enlève mes écouteurs et je me mets aux vestiaires. Je n'aime pas ressortir sur le terrain au moment où on arrive aux vestiaires. J’aime y rester jusqu’à ma sortie pour aller buter. Un dernier petit texto, tout le temps à ma femme, et puis je pose mon téléphone assez tôt dans le vestiaire. Au moment de l’arrivée dans le vestiaire, je n’aime pas être dérangé par le téléphone. Après je m’échauffe tranquillement parce que je vais buter direct, c’est important d’être bien chaud pour sortir pour buter donc ça prend un peu plus de temps aussi pour s’échauffer.

Arrivé au stade, comme en club, je pose mes affaires dans le vestiaire et j’aime bien aller marcher un peu sur le terrain. Toujours avec ma musique et puis pareil, là j’essaye de me projeter sur le match, de me détendre un peu, regarder un peu ce qu’il y a, prendre mes marques, essayer de me sentir bien. Et puis je reviens dans le vestiaire, je commence à me changer et puis l’échauffement démarre.

L’entrée sur la pelouse: ambiance qui monte et placement stratégique

Dans le couloir, souvent, j’aime bien me placer derrière 'Toto' (Dupont), sentir un peu les tribunes, l’ambiance qui commence à monter. Donc j’aime bien me mettre derrière Antoine (Dupont). On est souvent quand même assez proches.

Avant le match, j’aime bien sortir en dernier aussi. C’est les habitudes. Être le dernier à sortir sur le terrain. Et puis j’aime bien prendre mon temps aussi, je n’aime pas trop rentrer en courant sur le terrain. Juste une ou deux accélérations au moment d’être sur le terrain, mais je trouve que ce sont des moments où on a le temps de profiter un petit peu de l’ambiance, du stade, des bruits...

Quand avec les avants, on rentre sur le terrain, on sent le stade qui se réveille un peu aussi. Là ça me met des frissons. J'aime bien, c'est là où ça démarre.

Les hymnes: émotion et concentration

La Marseillaise c’est toujours pareil, c’est des moments… Surtout quand j’ai mes parents et ma copine en face. Lors de la finale de Top 14, il y avait ma fille dans les tribunes donc là je l’ai vécu encore plus différemment. J’ai eu du mal à me retenir parce que je la voyais donc j’étais assez ému. C'est des moments particuliers, pour comprendre il faut en chanter une. Une Marseillaise devant 80.000 personnes, ça te porte, c'est quelque chose qui me fait rêver.

Il y a les hymnes et on a deux, trois minutes pour se mettre dans son match, même si on y est déjà. Je ne sais même pas si je pense à quelque chose au moment de l’hymne. Je pense juste à chanter. Il y a des moments, ça me vient à l’idée aussi, notamment sur le France-Écosse (en préparation au mois d'août) de penser aux quatre ans qui viennent de passer, au fait que je suis passé par un peu toutes les étapes et qu’au final, aujourd’hui, je suis là.

Sinon, j’évite le plus possible de penser à des trucs pendant l’hymne. Je suis assez émotif alors je n’ai pas envie de pleurer avant le match (rire).

Comment je vis les hymnes ? Ça dépend des matchs. Les premières (fois), j’étais assez ému, j’étais heureux, je repensais à tout mon parcours, de là où j’étais parti, aux gens qui m’ont aidé, à tout ça. Parfois je pense plus au match, j’essaye de rester froid et lucide pendant la Marseillaise. Et puis il y a les matchs comme l’Angleterre où là j’étais ému aussi. Ça peut être piégeux mais tout le but de la prépa, c’est d’éviter que ça se retourne contre soi. Donc si je sens que je peux un peu m’emporter, j’essaye de baisser un peu le chauffage et de me calmer un peu. Parfois en amont, j’essaye de me préparer un peu à ça, parfois pendant, j’essaye de calmer aussi, ça dépend.

Pour les hymnes, j’aime chanter et j’aime écouter aussi les hymnes des autres nations. Limite, j’ai envie de les chanter aussi, comme celui de l’Afrique du Sud par exemple. Leur hymne est vraiment stylé. Il faut juste être prêt pour le coup d’envoi. Les supporters peuvent crier, je n’entends plus rien moi. Je suis dans mon match.

Article original publié sur RMC Sport