Le goût du vin se débride : les cépages résistent
La vigne connaît fréquemment des hybridations naturelles. Mais nos cépages sont issus de pratiques de sélections volontaires des meilleures baies, et de croisements entre vignes sauvages, semis et boutures de cépages déjà retenus. Ainsi, les multiples expérimentations des Grecs et des Romains dans l'Antiquité conduisent à « une impressionnante diversification variétale », selon l'archéobotaniste Laurent Bouby.
Mais les historiens et les scientifiques s'accordent à fixer un âge d'or de l'hybridation entre 1870 et 1957. Les variétés américaines introduites en Europe, d'abord pour agrémenter les jardins botaniques, puis pour produire en abondance dans nos vignobles finissent par apporter tous les malheurs. Des maladies apparaissent, comme le mildiou et l'oïdium. Puis le phylloxéra, dont ils sont porteurs sains, menace de détruire l'ensemble de nos vignes.
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La solution, trouvée en quelques années à Montpellier, consiste à planter un porte-greffe de variétés américaines sur nos vitis vinifera européennes. Des passionnés s'attachent à créer des croisements entre les deux espèces, afin de combiner la résistance au phylloxéra avec les critères qualitatifs de nos cépages. Seibel, Baco, Couderc, Oberlin… donnent naissance à plus de 1700 hybrides. Toute la paysannerie les cultivent – sans trop savoir les vinifier. Ils symbolisent le vin ordinaire des petits exploitants et des ouvriers, loin des gran [...] Lire la suite