France-Uruguay: 5 raisons pour lesquelles on a assisté à un match médiocre de la part des Bleus

France-Uruguay: 5 raisons pour lesquelles on a assisté à un match médiocre de la part des Bleus

Les supporters français ne s'attendaient pas à souffrir autant. Si les Bleus s'avançaient vers ce deuxième match de Coupe du monde contre l'Uruguay avec une confiance au beau fixe, la réalité s'est avérée bien différente. Entre une entame de match ratée et une indiscipline qu'on n'avait plus vue depuis longtemps, la prestation du XV de France a surpris, et surtout déçu, ses supporters. Voici les cinq raisons qui peuvent expliquer cette bouillie de rugby.

🏉 Une entame sans mordant

Sur la lancée de son succès de prestige face à la Nouvelle-Zélande (27-13), le XV de France était attendu avec enthousiasme face à l'Uruguay (27-12) par le public de Lille. Il a d’abord répondu présent avec une pénalité gagnée par la mêlée (3-0, 4e). Mais, les Bleus n’ont pas vraiment confirmé, concédant un essai identique à celui marqué par les Blacks (3-5, 6e) une semaine plus tôt.

Antoine Hastoy et Melvyn Jaminet ont bien redonné un petit matelas d’avance (13-5, 15e) avant que les hommes de Fabien Galthié ne deviennent mutiques, pas aidés par le carton jaune de Romain Taofifenua et leur jeu sans imagination jusqu'à la mi-temps.

"On a déjoué, pestait Jean-Claude Skrela, ancien sélectionneur des Bleus (1995-1999), sur RMC ce jeudi. On n’a pas joué, surtout. On a été pris par l’intensité mise par les Uruguayens. Ils nous ont chassés partout, ils nous ont plaqués, ils nous ont pris des ballons."

🏉 Un probable excès de suffisance

S'ils s'en défendent, ces Bleus semblent avoir un peu pris de haut les Uruguayens, seulement 17e au classement World Rugby mais considérés comme l’une des meilleures "petites équipes". Fabien Galthié rappelait d’ailleurs les automatismes des Teros, dont la majorité évolue ensemble à Penarol (club de Montevideo). Et les Uruguayens arrivaient avec des repères puisque huit membres de la sélection jouent ou ont joué en France. Enfin, la sélection sud-américaine n’est pas une novice à ce niveau puisqu’elle participe à son cinquième Mondial et compte quelques nations reconnues à son tableau de chasse (la Géorgie en 2003, et surtout les Fidji en 2019).

"On manquait un peu de concentration, a concédé Sekou Macalou. Les Uruguayens ont fait un très bon match, on s’attendait à jouer des joueurs morts de faim mais ils avaient peut-être plus faim que nous dans les zones de combat, ce qui a payé en leur faveur."

"Au final, je ne sais pas si on était prêts, a ajouté l’ouvreur Antoine Hastoy, auteur de son premier essai en sélection. On s’est un peu emmerdé sur les rucks, on s’est fait chiper deux ou trois ballons. On n’a pas su imposer notre rythme et quand on devait marquer, on n’a pas pris le large. On est tombé sur une équipe très rugueuse, très vaillante, et on n’a pas su répondre à ça."

🏉 Des "remplaçants" qui voulaient se montrer

Le succès face aux Blacks a permis au staff de lancer les habituels "finisseurs" d'entrée de jeu, en opérant 13 changements. Ces derniers, dont la plupart sont des habitués de la rotation avec les titulaires (Jaminet, Vincent, Lucu, Boudehent ou Macalou), n’ont pas marqué beaucoup de points. En partie parce qu’ils ont voulu trop en faire pour montrer qu’ils méritaient aussi leur place dans le XV de départ.

"On n’avait pas beaucoup d’expérience collective, on avait vraiment envie de montrer, de faire un peu le show, a reconnu Sekou Macalou. On aurait dû rester dans nos plans de jeu, être un peu plus pragmatiques."

🏉 Une trop grosse indiscipline

La purge des Bleus s’explique surtout par une rare accumulation de fautes, dont on les pensait guéris. Ils ont ainsi concédé 15 pénalités face à l’Uruguay. Un chiffre énorme en comparaison à l’incroyable discipline affichée une semaine plus tôt face aux Blacks (seulement quatre pénalités concédées).

"15 pénalités, c’est énorme, c’est même inadmissible au niveau international", s’est étouffé le deuxième ligne Cameron Woki sur TF1.

"C'est une chance d’avoir gagné ce match avec 15 pénalités. Je pensais qu’on était bien sur la discipline, qu’on avait fait un gros travail là-dessus. On aurait voulu montrer autre chose. On a montré qu’on avait une équipe indisciplinée et c’est dommage", a-t-il regretté. "En rugby, tu penses que tu tiens quelque chose et, le match d’après, si tu ne fais pas ce qu'il faut, tu le perds, a acquiescé Fabien Galthié sur TF1. Notre performance en termes de discipline nous a permis de gagner le match contre la Nouvelle Zélande."

Les raisons des pénalités sont en partie à trouver du côté de la mêlée, souvent sanctionnée par l'arbitre néo-zélandais. La première ligne est ainsi apparue en souffrance. Jean-Baptiste Gros et Dorian Aldegheri ont souvent affiché des mines un peu désarçonnées, symbole d'une soirée compliquée même s'il y eut aussi du bon (quatre pénalités gagnées par Aldegheri en mêlée fermée)

?? Des choix de jeu étonnants

La confusion générale s’est matérialisée par plusieurs choix pas forcément judicieux comme celui de tenter une pénalité de plus de 50 mètres à l’entame de la seconde période (49e) alors que les Bleus avaient encore trois essais à inscrire pour décrocher un potentiel bonus offensif. Une décision infructueuse puisque Melvyn Jaminet a manqué la cible. Il y eut aussi ce coup de pied trop long d’Antoine Hastoy (39e) vers Gabin Villière alors que les arrières étaient en surnombre au large.

"On avait une équipe nerveuse, qui voulait marquer vite", a aussi constaté Fabien Galthié.

"En face, l’Uruguay était très agressive au sol. On a d’abord été surpris et après tu doutes. C’était un match piège. Il faut mettre les bons ingrédients au bon moment et au bon endroit. Peut-être qu’on a un peu tout mélangé", a conclu le patron des Bleus. Charge à lui de corriger le tir dans une semaine face à la Namibie.

Article original publié sur RMC Sport