France-Namibie: qui est Johan Deysel, le Namibien à l’origine de la blessure de Dupont

France-Namibie: qui est Johan Deysel, le Namibien à l’origine de la blessure de Dupont

Ils n’ont pas hésité une seconde à prendre la parole. "Parce que Jo' mérite qu’on le fasse", assure Julien Sarraute, ancien entraîneur de Johan Deysel à l’US Colomiers. "Quand j’ai vu votre texto, je n’ai pas hésité à répondre. Parce qu’il faut dire et répéter ce que nous on connaît de Johan", renchérit Alain Carré, président du club haut-garonnais.

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À la différence des millions de téléspectateurs qui l’ont découvert jeudi soir lors de France-Namibie, les habitués du stade Michel Bendichou connaissent parfaitement le visage de Johan Deysel. "Je suis président depuis 20 ans, donc j’en ai vu passer des joueurs. Il fait partie des garçons qui vont me laisser un souvenir impérissable. Beaucoup de présidents rêveraient d’avoir des joueurs comme lui", assure Alain Carré, son patron pendant cinq ans à Colomiers.

Très attaché à la France

C'est un bien triste paradoxe: cible de nombreuses insultes et menaces sur les réseaux sociaux après avoir blessé Antoine Dupont, désormais incertain pour la suite du Mondial à cause d’une fracture au visage, Johan Deysel est le plus Français des Namibiens. Le centre, qui fêtera ses 32 ans le 26 septembre, a passé ses dernières saisons à Colomiers, club historique du Sud Ouest. Arrivé en France en 2018 en provenance d’Afrique du Sud, où il évoluait sous les couleurs des Sharks de Durban, il a quitté Colomiers cet été le cœur lourd.

"C'était incroyable pour moi et ma famille de vivre en France, savourait-il ces derniers jours auprès de l’AFP avant de défier le XV de France. J’ai eu deux enfants ici en France donc, oui, de très bons souvenirs pour moi là-bas. Le pain me manque toujours quand je ne suis pas en France! Les gens sont très amicaux et généreux, toujours prêts à aider. Je reviendrai toujours en vacances pour voir les amis que je me suis fait au cours des cinq dernières années. La France est dans mon cœur désormais." Une déclaration d’amour qui laisse imaginer les heures difficiles que doit vivre le centre namibien, devenu l’ennemi public N°1 d’un pays qu’il chérit.

"C'est un mec bien"

Très croyant et proche de sa famille, Deysel a particulièrement apprécié sa vie paisible à Pibrac, banlieue résidentielle de Toulouse où il logeait dans une maison qui appartient à Alain Carré. Dans cette commune de Haute-Garonne comme à l’US Colomiers, où il a notamment côtoyé Mathis Galthié, demi de mêlée et fils du sélectionneur des Bleus, il a laissé le souvenir d’un homme calme, posé et respectueux.

"C’est un mec qui arrive à l’entraînement avant les autres et qui repart après les autres, toujours le mot gentil pour s’occuper des jeunes, décrit Alain Carré. Ce n’est pas un connard, c’est un mec bien. Le connaissant, je sais qu’il doit être très triste, qu’il doit en avoir gros sur la patate."

"Il plaque dur, il plaque fort (...) Mais je n’ai jamais décelé en lui une intention quelconque de faire mal à qui que ce soit."
Julien Sarraute, ancien entraîneur de Deysel à Colomiers et formateur d'Antoine Dupont à Auch

Julien Sarraute loue lui aussi les qualités d'un joueur "qu’un entraîneur a envie d’entraîner”: "C’est une personne et un joueur taiseux mais extrêmement apprécié de ses coéquipiers. Toujours gentil, toujours souriant, attentionné envers ses coéquipiers et le staff. On a des bénévoles assez âgés au sein du club qui s’occupent de la logistique. Très facilement, il allait les aider à porter des sacs", détaille l’ancien directeur du centre de formation d’Auch, qui a eu la particularité d'avoir eu sous ses ordres au club gersois un certain… Antoine Dupont.

Discret à l’extérieur, Deysel est également connu pour être un joueur qui ne triche pas lorsqu’il faut mettre de l’intensité sur le terrain. "Il est dur sur les phases de contact, que ce soit offensivement ou défensivement. Il plaque dur, il plaque fort. Sur l’action d’hier (jeudi), il y a beaucoup de vitesse des deux joueurs et il commet une erreur technique, il engage trop haut. C’est un fait de jeu qui est très malheureux", détaille Julien Sarraute, qui souhaite avant tout mettre en avant son état d’esprit irréprochable: "À l’entraînement ou en match, c’est un joueur qui n’a jamais eu un mot plus haut que l’autre, il n’a jamais eu d’agressivité ou de gestes déplacés. Je n’ai jamais décelé en lui une intention quelconque de faire mal à qui que ce soit."

Dans une déclaration relayée ce vendredi par World Rugby, Johan Deysel a d’ailleurs tenu à présenter ses excuses à Antoine Dupont. "Il est clair que je ne voulais pas lui faire de mal. Tout s'est passé très vite et je n'ai pas pu placer ma tête assez rapidement, ce qui a entraîné un choc à la tête. Je connais les règles et j'ai tout de suite compris que j'étais en tort", concède le Namibien.

Très probablement suspendu pour le dernier match de poule de la Namibie face à l’Uruguay mercredi 27 septembre, le centre, non prolongé par une équipe de Colomiers en quête de renouvellement cet été, a peut-être joué son dernier match dans l’Hexagone jeudi soir face aux Bleus. La fin cruelle d’une histoire commune avec la France qui n’avait connu jusqu’ici aucun accroc.

Article original publié sur RMC Sport