La direction du PS s’accorde sur une liste autonome aux européennes, mais n’évite pas les disputes

Olivier Faure (tout à gauche) et Nicolas Mayer-Rossignol (tout à droite) lors du Congrès du PS à Marseille le 27 janvier 2023.
NICOLAS TUCAT / AFP

POLITIQUE - Rien n’est jamais tout rose chez les socialistes. Mardi 5 septembre au soir, la direction du PS s’est prononcée à l’unanimité en faveur d’une liste autonome pour les prochaines élections européennes, en juin 2024. Une décision qui intervient après des mois de tensions en interne au sujet d’une éventuelle liste commune à la Nupes. Mais cet accord de fond n’a pas réconcilié les branches rivales au sein du parti, loin de là.

Le bureau national a donc adopté son texte d’orientation stratégique pour les élections européennes, qui prévoit le principe d’une liste autonome et qui sera soumis le 5 octobre au vote des militants. Les dirigeants socialistes ont également voté à l’unanimité le contenu programmatique du projet européen « Faire basculer l’Europe, Du néolibéralisme vers le socialisme écologique », lui aussi soumis aux militants à la même date, et qui peut faire l’objet d’amendements par les fédérations, jusqu’à la tenue d’une convention nationale de clôture le 14 octobre.

Le principe d’une liste autonome est acté

Même si le PS reste divisé en interne sur l’accord de la Nupes, conclu avec LFI, EELV et le PCF en mars 2022, les trois courants du parti (celui du secrétaire national Olivier Faure, majoritaire et pro-Nupes, et ceux de ses opposants Nicolas Mayer-Rossignol et Hélène Geoffroy, hostiles à la Nupes) ont réussi à s’entendre sur la stratégie, avec la rédaction d’un compromis.

Alors que LFI réclame une liste commune de la Nupes aux européennes, le texte stratégique, non amendable, acte le principe d’une liste autonome, et précise que le PS a « toujours considéré » que son projet dicterait ses alliances, « et non l’inverse ». « Notre volonté de dialogue demeure. Mais nous constatons que la décision des écologistes et des communistes de partir sous leurs propres couleurs aux élections européennes n’a pas permis d’étudier les conditions nécessaires à une liste commune, et notamment de rediscuter des points de désaccord » constatés sur « les questions européennes et internationales lors de la constitution de la Nupes en 2022 », est-il écrit.

Cet épineux sujet réglé, voilà les dissensions oubliées ? Nullement. Loin d’être une occasion de se réjouir en commun, cette annonce a provoqué un nouvel échange acerbe et public entre le secrétaire national et le numéro 2 du parti à la rose. Ainsi, alors que Nicolas Mayer-Rossignol se félicitait que le parti « ait rejoint hier la ligne que nous défendions », il a été sèchement éconduit par Olivier Faure. « Personne ne t’a rejoint. Il faut arrêter de trahir les décisions collectives en leur donnant tes interprétations qui contredisent tous nos débats », a ainsi asséné le Premier secrétaire sur X (ex-Twitter).

« Sectaire aux sénatoriales, diviseur aux européennes, le PS fait payer à toute l’union populaire le prix de ses synthèses internes. Mais elles finissent elles aussi en guerre de clans. Incorrigible », a commenté l’insoumis Jean-Luc Mélenchon, dont les relations avec le Premier secrétaire se sont tendues ces derniers mois.

Cazeneuve en embuscade

Car d’autres problématiques vont bientôt se poser pour les dirigeants du PS. En effet, le nom de la tête de liste et la composition de la liste ne devraient pas être décidés avant la fin de l’année. Le texte prévoit tout juste que soit construite « autour du PS une liste ouverte » à tous ceux « se reconnaissant dans les principes de son projet ».

Et alors que le maire de Rouen et son entourage souhaitent que la liste puisse s’élargir à La Convention, le mouvement de l’ex-Premier ministre Bernard Cazeneuve, lui aussi hostile à la Nupes, Olivier Faure ne cache pas sa réticence vis-à-vis de l’ancien Premier ministre, qui « passe son temps à s’essuyer les pieds sur le reste de la gauche », selon lui.

Par ailleurs, en dépit de cette liste autonome, le texte adopté par la direction socialiste réaffirme l’engagement du parti « dans la stratégie de rassemblement de la gauche et de l’écologie », qui « a trouvé son expression politique lors des élections législatives de 2022 avec la Nupes et son intergroupe à l’Assemblée nationale », précise le texte. Et d’ajouter que « l’union de la gauche et des écologistes est la stratégie nécessaire pour mener le combat contre les politiques du président de la République et faire obstacle à l’arrivée du RN au pouvoir ».

Sans évoquer le terme de candidature unique de la gauche à la présidentielle de 2027, que refusaient Nicolas Mayer-Rossignol et Hélène Geoffroy, arguant qu’il préemptait le prochain congrès du PS, le texte explique qu’il faudra « créer les conditions d’un programme commun et de candidatures de rassemblement aux municipales, à la présidentielle et aux législatives en remettant le Parti socialiste au cœur de la gauche ». Olivier Faure souhaitait absolument intégrer cet objectif dans le texte, pour « ne pas désespérer les électeurs de gauche qui veulent l’union ».

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