Diallo sur les violences sexuelles: "La prise de conscience sur ces questions-là n'a pas été optimale"

Diallo sur les violences sexuelles: "La prise de conscience sur ces questions-là n'a pas été optimale"

C’était forcément une audition attendue après "l’affaire Le Graët" en début d’année 2023. Devant la commission d’enquête ce vendredi 27 octobre, le président de la Fédération française de football, Philippe Diallo, a répondu pendant plus de deux heures aux questions des députés dans une des salles de l’Assemblée. Cette mission, qui ratisse un panel très large d’intervenants, a pour objet d’identifier les défaillances de fonctionnement au sein des fédérations françaises de sport. La commission devrait rendre son rapport d’ici la fin de l’année.

"Quand des familles nous confient leurs enfants, elles doivent le faire en toute sérénité", commence par expliquer le président de la plus puissante des fédérations sportives en France. "Nous avons effectué plus de 90.000 contrôles d’honorabilité avec 21 cas positifs. La Fédération veut élargir ces contrôles." Après avoir expliqué les actions de la FFF, notamment celles présentées la semaine dernière lors d'une conférence de presse sur le plan d'engagement sociétal de l'instance, c'est une séance de questions-réponses qui s'est ouverte.

44 appels de victimes sur la ligne spéciale

"La première décision qui a été prise, c'est la création d'une direction de l'engagement avec un doublement des moyens humains qui sera mis en place au niveau du siège", explique Jean-François Vilotte, le directeur général de la 3F. Une longue partie de l'échange est réservée à l'explication du fonctionnement des contrôles d'honorabilité dans les clubs. Avant de préciser que "tous les encadrants sont formés aux violences sexistes et sexuelles dans le cadre d'ateliers pour le centre national du football de Clairefontaine". Dans cette audition, le DG de la Fédération a aussi annoncé que l'association "France Victimes" a reçu 66 appels sur la ligne dédiée au foot depuis le lancement du partenariat avec la Fédération en octobre 2022, dont 44 appels qui concernent des victimes.

Le député Renaissance Stéphane Buchou revient ensuite sur l'observatoire des comportements avec les 10.000 incidents constatés par la FFF sur le million de matchs organisés chaque année. "Sur ces 10.000 incidents, 50% concernent des violences verbales. La deuxième partie, ce sont les violences physiques et puis ensuite un certain nombre d'incivilités. Mais ce mécanisme ne permet pas d'avoir des remontées afinées. L'objectif pour nous aujourd'hui est d'avoir une remontée plus afinée du terrain avec le risque que ce nombre soit en hausse", complète Philippe Diallo. Stéphane Buchou, qui se décrit comme "un grand fan de foot", fait ensuite une remarque sur "l'entre-soi" dans le milieu du football. "Comment décloisoner ce milieu ?", questionne le député. La réponse ne sera jamais donnée. Le débat tourne ensuite sur la rémunération des éducateurs et le contrôle du casier judiciaire.

"Sans remettre en cause le passé, nous voulons opérer une rupture"

La rapporteure, Sabrina Sebaihi, s'attarde sur les affaires de violences sexistes et sexuelles avec le changement de clubs des entraîneurs signalés dans le cadre de ces dossiers. "La difficulté de traitement est liée d'une part au fait qu'il n'y ait aucune plainte", avoue Philippe Diallo. "La doctrine qui était jusqu'à présent à l'oeuvre était que la Fédération interviendrait après une décision de justice. Maintenant, nous voulons mettre en place des mesures conservatoires. Pour l'engagement des éducateurs, il y a aussi une responsabilité des clubs, la plupart des affaires ont eu une forme de publicité".

"Jusqu'à présent, les dirigeants n'étaient pas formés sur ces questions des violences sexuelles et sexistes?", questionne Sabrina Sebaihi. "Il y avait des formations, mais notre objet c'est de renforcer et de déployer nos actions", répond le président de la FFF. Qui plus tôt avait expliqué : "Nous avons conscience que dans le temps, la prise de conscience sur ces questions-là n'a pas été optimale. Sans remettre en cause le passé, nous voulons opérer une rupture".

"L'affaire Le Graët" balayée

"A quel moment, vous avez eu connaissance des agissements de Monsieur Noel Le Graet ?", demande la rapporteure. "La connaissance est venue à travers un article de presse en septembre 2022", répond Diallo. "Vous savez, il y a une procédure judiciaire en cours, dans laquelle j'ai été auditionné récemment, j'ai donc une réserve à m'exprimer sur ce point-là". Avant de préciser qu'"une dizaine" d'article 40 a été déclenchée par Philippe Diallo sur la dernière année.

Sur les relations tendues (ou inexistantes) depuis plusieurs années avec l'Association nationale des supporters (ANS), le sujet est aussi éludé. Jean-François Vilotte revient quand même sur l'entente et la présence de la Fédération au sein de l'instance nationale du supportérisme: "C'est un tort. Nous allons y remédier, encore une fois je pense que nous devons réinvestir cette question du supportérisme".

Dans les prochaines semaines, Didier Deschamps, Karim Benzema et l'ancien président de la FFF, Noel Le Graët, seront entendus par cette commission. Le monde du football n'est pas le seul concerné, puisque Florian Grill, le président de la FFR sera aussi entendu dans les prochains jours.

Article original publié sur RMC Sport