Deux policiers de la Brav-M enregistrés en train d’insulter un étudiant tchadien jugés en correctionnelle

Des policiers français de la Brigade de répression de l’action violente motorisée (Brav-M), lors d’une manifestation à l’occasion du 1er mai.
Des policiers français de la Brigade de répression de l’action violente motorisée (Brav-M), lors d’une manifestation à l’occasion du 1er mai.

POLICE - Des paroles et des menaces accablantes pour les policiers. Deux membres de la Brav-M (brigade de répression des actions violentes motorisée) impliqués dans l’arrestation brutale de Souleyman Adoum Souleyman, en mars dernier à Paris, sont renvoyés devant le tribunal correctionnel de Bobigny, a annoncé ce mardi 5 septembre le parquet.

Les deux policiers seront jugés le 7 mars 2024 pour des faits de violences par personne dépositaire de l’autorité publique et menaces de violences réitérées « à l’exclusion de toute autre infraction ou circonstance aggravante » sur l’étudiant tchadien, interpellé en marge d’une manifestation sauvage contre la réforme des retraites.

Dans la nuit du 20 au 21 mars, des membres de la Brav-M (Brigade de répression de l’action violente motorisée) ont interpellé sept jeunes manifestants soupçonnés d’avoir pris part à des dégradations dans le centre de Paris. L’un des interpellés avait alors discrètement enregistré les échanges avec les policiers, où l’on entendait ces derniers proférer des menaces et des propos humiliants.

« Tu sais que tu as une vraie tête à claques ?  »

Du début à la fin de l’enregistrement, rendu public par Le Monde et Loopsider, on entend les forces de l’ordre tourmenter le jeune homme : « Tu sais que tu as une vraie tête à claques ?  » ; « Si tu veux, je te prends tout seul » ; « T’as tellement de chance d’être assis là, maintenant qu’on t’a interpellé, je te jure, je te pétais les jambes, au sens propre… Je peux te dire qu’on en a cassé, des coudes et des gueules (…), mais toi, je t’aurais bien pété tes jambes. »

À deux reprises en l’espace de quinze secondes, deux bruits de claques retentissent. À la fin de l’enregistrement, l’ordre est donné de faire mouvement vers le 10e arrondissement de la capitale, où de nouveaux heurts sont signalés par radio. « T’as de la chance, on va se venger sur d’autres personnes », clame alors un policier.

Plainte classée sans suite

Souleyman Adoum Souleyman, avec une autre manifestante, avait déposé plainte le 24 mars contre les effectifs de la Brav-M. Leurs plaintes visant le préfet de police et la procureure de Paris, la procédure judiciaire avait été dépaysée en Seine-Saint-Denis.

La plainte de la manifestante « a été classée sans suite, l’enquête n’ayant pas rapporté la preuve des faits allégués par la plaignante », a indiqué le parquet de Bobigny. Contacté par l’AFP, l’avocat des plaignants, Me Arié Alimi, a regretté que le parquet n’ait pas retenu les chefs d’agression sexuelle et injures à caractère racial envers Souleyman Adoum Souleyman.

« Nous allons poursuivre tous les policiers de la Brav-M qui ont participé à l’interpellation et tous les policiers de la Brav-M qui étaient présents du chef de violences en réunion », via le mécanisme de citation directe qui permet à une victime de saisir directement le tribunal, a-t-il déclaré. En juin, trois policiers de la Brav-M ont été renvoyés en conseil de discipline et quatre autres ont écopé d’un avertissement pour ces mêmes faits.

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