Démission du maire de Saint-Brévin: d'autres élus menacés pour des projets d'accueil de migrants

La démission de Yannick Morez met en lumière un phénomène plus large: les pressions et menaces subies par les maires à travers le pays, notamment en marge de projets d'accueil de migrants dans les communes.

Le maire de Saint-Brévin-les-Pins a justifié son départ notamment "suite à l’incendie criminel perpétré à (son) domicile" alors que l'élu se disait victime de menaces en raison de son soutien envers le déménagement d'un Centre d'accueil de demandeurs d'asile (Cada), déjà présent dans la ville depuis 2016.

Ce projet suscitait le rejet de certains habitants qui ont organisé des manifestations à plusieurs reprises ces derniers mois. Parmi les protestataires, se trouvent notamment des membres de Reconquête, le parti d'Éric Zemmour, mais aussi plusieurs organisations d'extrême droite, telles qu'Action française, Le Rassemblement vendéen, Riposte laïque ou La Cocarde.

Un projet abandonné à Callac face aux tensions

Il y a quelques mois, le maire de Callac, dans les Côtes-d'Armor, municipalité de 2200 habitants, a annoncé l'abandon du projet "Horizon" qui devait redynamiser le village à travers la construction d'une structure d'accueil pour des familles réfugiées.

Dès l'annonce du projet, une pétition a été lancée et des élus ont été soumis à de multiples pressions, y compris des menaces de mort ou des atteintes à leur vie privée. Sur place, des affrontements violents entre partisans et détracteurs, recevant notamment le soutien de plusieurs politiques d'extrême droite à l'instar de Gilbert Collard ou d'Éric Zemmour, du projet avaient eu lieu.

Comme le rapporte Le Monde, dans un communiqué suite à cet abandon, l’un des principaux animateurs de l’opposition, le candidat Reconquête aux dernières élections législatives Bernard Germain avait affirmé que "l'accueil sera le même" pour les villes qui choisiraient de suivre l’exemple de Callac.

Messages d'injures à Bélâbre

Au sud de l'Indre, à Bélâbre, le maire Laurent Laroche a reconnu auprès de France Bleu avoir "la boule au ventre" face aux messages d'injures qu'il reçoit. Dans sa ville de 980 habitants, il est également prévu d'implanter un centre d'accueil de demandeurs d'asile pour 38 personnes au maximum.

Depuis sa validation en conseil municipal en février dernier, le projet concentre de vives tensions. Un collectif d'opposants au projet, soutenu par le Rassemblement national et le parti Reconquête, s'est notamment monté.

"C'est très dur moralement", confie le maire, violemment pris à partie depuis l'annonce du projet.

Une plainte pour menaces de mort à Beyssenac

"Il ne passe pas un jour sans que l’on me parle du Cada". Ces projets mis en place dans des petits villages font grand bruit. Interrogé par nos confrères de Libération, le maire (LR) de Beyssenac, en Corrèze, explique avoir porté plainte pour des menaces de mort reçues sur sa boîte mail dans les jours qui ont suivi l’annonce de l'ouverture d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile dans sa commune.

Pourtant à Beyssenac, il ne s'agit pas d'un choix de la municipalité mais de la préfecture, le maire ayant même chercher à préempter le terrain sur lequel se trouve le bâtiment, sans succès. Toutefois, c'est l'édile qui concentre les tensions.

"Aujourd’hui, quand je vois ce qu’il est arrivé à ce maire (Yannick Morez)… Je me sens dans la même situation que lui et j’espère que je ne vais pas subir le même sort", réagit-il auprès de Libération.

Le village de 350 habitants a vu s'affronter entre membres de l’Action française et militants antifas devant sa mairie sur ce sujet.

Des affaires locales devenues nationales

Comme le rapporte Politis, la mobilisation contre le projet de Callac a marqué un tournant puisque Bernard Germain, candidat Reconquête, a ensuite écrit un livre nommé Callac, la mère des batailles, dans lequel il théorise que "le combat de Callac n’était pas seulement le combat de ce village, mais la mobilisation contre une politique nationale. Callac était le laboratoire de la mise en œuvre de cette politique".

Ainsi, à Bélâbre, à Beyssenac ou à Saint-Brévin-les-Pins, les manifestations d'opposition aux différents projets d'accueil de migrants comprenaient des militants d'extrême droite extérieurs à la commune, venu spécialement pour l'occasion.

En outre, selon Le Monde, des membres de ces groupes ont diffusé la rumeur que des mairies de gauche accueilleraient le projet abandonné de Callac, poussant les édiles à démentir ces intentions.

Article original publié sur BFMTV.com