"Complètement fou!", quand Javier Milei, le nouveau président de l’Argentine, rêvait de devenir gardien de but

"Un fou." L’adjectif revient en boucle dès qu’il est question de Javier Milei. Celui qui a été élu président de l’Argentine dimanche après sa large victoire au deuxième tour face l'actuel ministre de l'Économie, Sergio Massa, l’assume complètement. Voire le revendique. L'économiste de 53 ans que l'on compare à Donald Trump ou Jair Bolsonaro a même intitulé son autobiographie sortie cet été "El Loco" ("le fou"). Ce surnom ne surprendra personne au vu de son caractère et de son look de vieille rock star. Branché sur 100.000 volts, ce personnage sulfureux, volontiers provocateur et défenseur d’une droite dure, a fait de la tronçonneuse son objet fétiche (pour "tronçonner" l'"État-ennemi"). Cette folie, ceux qui l’ont suivi sur les terrains de football dans sa jeunesse l’ont très vite observée.

Bien avant de devenir économiste et de se lancer dans la politique, Javier Milei a défendu les couleurs des équipes de jeunes de Chacarita Juniors, club de la banlieue de Buenos Aires et du prestigieux club de San Lorenzo. Nous sommes dans les années 80. Supporteur de Boca Juniors (club qu’il va arrêter de supporter quand Fernando Gago, qu’il déteste, reviendra au club), fou de Rambo et des Rolling Stones, l’adolescent joue au poste de gardien de but. Son rêve est de ressembler à Ubaldo Fillol, gardien de but sacré champion du monde en 1978 avec l’Albicleste.

"Il faisait des choses folles, il plongeait la tête la première"

"Il se jetait partout, se souvient son ancien partenaire Gabriel Bonomi, interrogé par Infobae. S’il fallait plonger dans la boue, il le faisait." Son ancien entraîneur n’a pas, lui non plus, oublié ce jeune homme à l’impressionnante tignasse blonde (brune aujourd'hui): "Il était très bon physiquement, rembobine Eduardo Grecco qui l’a dirigé pendant un an et demi. Il était très motivé et voulait devenir gardien professionnel. C’était une personne éduquée. Ses parents l’accompagnaient partout. Personne ne peut en dire du mal de lui parce qu’il était irréprochable. Il était différent des autres parce qu’il sortait de ses buts à une époque où les gardiens jouaient peu au pied."

Son esprit casse-cou et ses sorties hors de sa ligne de but ont visiblement marqué les esprits. "Quand il taclait, il se transformait, se souvient Eduardo Perico Pérez, un autre ex-partenaire. Il faisait des choses folles, il plongeait la tête la première. Autant de choses qui nous faisaient dire : 'Ce type est complètement fou !'"

Egocentrique et très hautain

A San Lorenzo où il n’a fait qu’un bref passage avant de retourner à Chacarita, on se souvient d’un joueur qui criait beaucoup sur le terrain. Son tempérament volcanique sur le terrain lui vaudra très vite le surnom d"El Loco del Arco" ("le fou de la cage"). "Il était égocentrique et fou, comme aujourd’hui", glisse Santos. "Très hautain", ajoute Gabriel Bonomi.

Un ressenti que ne partage pas Omar Corsaro, un autre partenaire qui a le souvenir d’un jeune plutôt "calme." "La personnalité qu’il affiche aujourd’hui n’a rien à voir avec celle qu’il avait enfant, dit-il, cité par TyC Sports. Il a changé. C’était un garçon calme. Il n’était pas dans le conflit, ne se battait avec personne. Il était cool."

Avec le club de Chacarita, Javier Milei s’entraînera plusieurs fois avec l’équipe première qui évolue alors en 3eme division. Mais son rêve de devenir une star du football argentin s'envole petit à petit. En 1989, les exigences de plus en plus élevées à l’entraînement l’amènent à stopper le football pour se consacrer à ses études et à l'économie, son autre passion. Le début d’une autre histoire.

Article original publié sur RMC Sport