Chroniques de la révolte iranienne

C’est un document exceptionnel, par le fond comme par la forme, que nous vous proposons cette semaine dans notre dossier. Le récit du quotidien de trois jeunes Iraniennes publié en juin par The New York Times Magazine, que nous avons choisi de traduire en intégralité à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Mahsa Amini, le 16 septembre 2022.

Ghazal, Parnian et Kimia ont entre 20 et 23 ans, et de mars à mai 2023 elles ont tenu leur journal de bord. Elles y racontent un pays en pleine mutation, disent leur espoir de voir émerger un nouvel Iran mais aussi leurs craintes face à une répression qui ne faiblit pas, bien au contraire.

Des témoignages par petites touches, tout en nuances, qui évoquent une rencontre avec un chauffeur de taxi, une fête de famille, l’ambiance d’un marché pendant Norouz (le nouvel an persan), une discussion animée dans le métro… et traduisent, à chaque fois, un changement profond de la société iranienne, notamment le rejet du voile dans les espaces publics et la poursuite du mouvement contestataire sous diverses formes, même s’il semble moins visible aujourd’hui dans la rue. Extraits.

Kimia (21 mars) :

“Maintenant, on sort sans hidjab, on porte ce qu’on veut, et les hommes ne disent rien. Ils approuvent d’un signe de la tête. Ils sourient.”

Parnian (15 avril) : “Le nombre de femmes sans hidjab enfle de jour en jour. […] Les gens boycottent les boutiques qui ne servent pas les femmes non voilées. […] Il y a de plus en plus de solidarité. Le peuple a repris la main. En face, il n’y a rien que du bluff.”

Indéniablement, la parole s’est libérée en Iran, mais le chemin est encore long, et les trois jeunes femmes ne cachent pas leurs craintes pour l’avenir. “Je suis bien moins optimiste que je ne l’étais au début de ce mouvement, écrit Kimia. La République islamique finira bien par disparaître un jour, mais je ne suis pas sûre que ce soit pour cette fois.” De retour d’un séjour en Turquie, Kimia n’exclut plus de quitter l’Iran.

Ghazal, elle, veut y croire encore : “Peu importe qu’on ne manifeste plus dans la rue. Les gens sont devenus plus gentils et veillent les uns sur les autres au quotidien. Si un vigile ou un agent de sécurité s’en prend à une étudiante, tout le monde volera à son secours. Je trouve ça beau.”

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