Chants homophobes lors de PSG-OM: "Ça ne changera rien", regrette Yoann Lemaire après la fermeture de la tribune Auteuil pour une rencontre

Chants homophobes lors de PSG-OM: "Ça ne changera rien", regrette Yoann Lemaire après la fermeture de la tribune Auteuil pour une rencontre

Yoann Lemaire, la sanction infligée par la Commission de discipline de la LFP à la tribune Auteuil du Parc des Princes vous satisfait ?

La Commission de discipline est dans son rôle. Elle ne peut pas faire grand-chose de plus que fermer des stades ou des tribunes. Donc à partir de là on savait que ce serait une tribune fermée, il fallait s’y attendre. Mais au fond de moi je ne sais pas s’il faut être content ou pas. Moi ça ne me fait ni chaud ni froid. Je me dis juste que ça ne changera rien, c’est tout. C’est évident qu’il faut essayer de sanctionner mais la sanction collective de fermer une tribune ne changera en rien le problème. Je préférerais qu’on demande au Paris-Saint-Germain de faire beaucoup plus d’actions et de travailler sérieusement sur la lutte contre l’homophobie. Cela peut être avec des référents supporters, avec les groupes d’ultras, avec les capos. Il faut leur parler, faire plus de pédagogie. La tribune, ils vont la fermer et les mecs reviendront le match d’après, ils seront encore plus énervés et même des mecs qui n’ont pas chanté ne pourront pas aller voir le match. C’est un peu la facilité mais je les comprends, ils ne peuvent pas faire grand-chose d’autre.

On a l’impression que le problème est insoluble…

Oui parce que le problème est beaucoup plus sérieux que ça. Dans la réalité, il faut faire un vrai travail de fond et de pédagogie. À court terme, il faut calmer les choses pour éviter de repartir comme en 2019 avec des arrêts de matchs et qu’à chaque fois qu’il y a un champ homophobe, ça parte dans tout les sens. Et puis à un moment, il faut démarrer sérieusement une vraie campagne à long terme sur la lutte contre l’homophobie dans le football. Aussi bien dans les vestiaires chez les pros qui ont des responsabilités sur l’exemplarité que dans le milieu amateur. La Fédération Française de Football doit s’y mettre, parce que les mecs qui chantent ça ce sont peut-être des mecs qui sont licenciés dans des clubs de district à côté. Moi je joue encore en amateur et je peux me faire insulter de pédé pendant trois quarts d’heure sur le bord du terrain et tout le monde s’en fout. Donc il faut aussi que la fédération fasse aussi plus de formation et de pédagogie auprès des gamins des joueurs et des éducateurs.

La justice aussi a un travail à faire ?

Oui. J’ai été dans un club de Ligue 1 cette semaine comme je le fais souvent. On discute beaucoup avec le directeur des stades de la sûreté des stades, de la sécurité, etc... Parfois ils sont complètement navrés. Ils me disent: "Nous on fait un boulot énorme on sait qu’il y a des problèmes, on travaille dessus, on a des photos, on a des vidéos, on a des témoignages, on a tout, on donne tout à la police et il ne se passe rien derrière". Y’a un moment, qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse de plus ?

Il faut donc se concentrer là-dessus selon vous ?

Oui, qu’on commence sérieusement à travailler pour aller chercher les personnes qui lancent les chants. Ce n’est pas évident parce que parfois c’est 3.000 bonhommes, mais il faut qualifier les choses et quand il y a des capos qui lancent des chansons, on doit avoir une discussion sérieuse avec eux pour qu’ils comprennent ce que ça veut dire ce qu’ils disent. Et surtout bien leur mettre dans la tête que si cela continue, il y aura un souci. Et puis s’ils assument et qu’ils continuent, ils devront en répondre devant un juge, c’est évident. Mais il faut avant tout faire beaucoup de pédagogie avant je pense

Article original publié sur RMC Sport