Calendrier surchargé: "Au-delà des joueurs, c'est le spectacle qui souffre", avertit un représentant des footballeurs pros

Bernardo Silva, Jürgen Klopp, Pep Guardiola… De nombreux grands noms du foot prennent position contre l’accumulation des matchs. Malgré ces coups de gueule, les instances continuent de réformer certaines compétitions, comme la Ligue des champions et le Mondial des clubs.

Au micro de l’émission RMC Les Grandes Gueules du Sport ce dimanche, le directeur général du syndicat des footballeurs professionnels anglais (PFA) et membre du comité directeur de la FIFPro (le syndicat mondial des joueurs), Maheta Molango, a averti les instances que ces décisions incitent de plus en plus les joueurs à se rebeller, mettant à mal les possibilités de compromis: "Le message qu’on passe à l’UEFA, c’est que ce n’est même pas le syndicat qui les encourage, mais les joueurs. Ils disent qu’il n’y a pas de solutions. (...) Notre message, c’est que ça serait mieux de faire quelque chose ensemble de manière cohérente et civilisée, mais ça va les pousser à saisir la justice car ils voient qu’il n’y a pas de volonté de trouver des solutions."

"Au-delà du fait que les joueurs souffrent, c’est le spectacle qui souffre"

Pour illustrer son propos, Maheta Molango a pris l’exemple de joueurs confirmés contraints de faire l’impasse sur des compétitions prestigieuses: "Le cas Raphael Varane: c’est triste qu’un joueur de cette expérience décide de partir alors qu’il adore jouer en sélection, et qu’il est très sérieux. À un moment, il doit faire un choix pour sa santé. Courtois a déclaré qu’il n’ira pas à l’Euro pour récupérer de sa blessure. Ce qui m’inquiète, c’est que les entraîneurs aussi les poussent. On entend Pep Guardiola dire que les joueurs doivent partir en grève. Klopp explique qu’à un moment, il faudra faire quelque chose."

Le dirigeant souligne aussi que cette accumulation de matchs augmente certes les recettes, mais ne permet pas aux spectateurs de voir plus de spectacle: "Au-delà du fait que les joueurs souffrent, c’est le spectacle qui souffre." De plus, les joueurs ne bénéficient pas vraiment de ces recettes: "Elles ne sont pas là pour aller dans les poches des joueurs ou même des clubs." Tout en reconnaissant que contrairement à d’autres, les footballeurs sont des "privilégiés, et que certains ont des travaux plus exigeants."

L’exemple le plus marquant de ces baisses de performances est celui de la dernière finale de Ligue des champions opposant Manchester City et l’Inter Milan, un match assez décevant dans le jeu: "Ça aurait dû être notre Superbowl et ça ne l’a pas été. De Bruyne était out tôt, Haaland a fait le pire match de l’année, Rodri a dit qu’il avait des crampes. Ce n’était pas un beau match, et ça doit nous faire réfléchir. La qualité sur le terrain n’est plus ce qu’elle devrait être", a commenté le dirigeant.

"Une action légale se prépare" contre la nouvelle Coupe du monde des clubs

Interrogée sur la nouvelle version à venir du Mondial des clubs, Maheta Molango a expliqué que cette réforme ne respecte pas un certain point du règlement en Angleterre, et que dans les conditions actuelles, il n’est pas envisageable de voir des clubs anglais y participer: "Une action légale se prépare. Ce calendrier plus chargé veut dire qu’on n’est pas capable de respecter la convention collective en Angleterre. Arriver en finale de la Coupe du monde des clubs veut dire qu’on finit le 13 juillet, alors que le championnat commence le 17 août. La convention collective en Angleterre prévoit un arrêt minimum de trois semaines. Donc c’est impossible."

Malgré la situation, le directeur de la FIFPro est fier de voir des joueurs impliqués dans ce combat: "Je suis fier de voir les Anglais prendre la parole sous le leadership d’Harry Kane et Jude Bellingham."

Article original publié sur RMC Sport